Même si c'est pour la première fois qu'une femme est désignée à la tête du Fonds monétaire international (FMI), la direction de cette institution reste entre les mains des Européens. C'était prévisible. Depuis l'annonce du départ de Dominique Strauss-Khan, les responsables européens ont multiplié les sorties pour défendre leur place à la tête du FMI. Parallèlement, les pays émergents n'ont pas fourni de grands efforts pour s'imposer. Finalement, la ministre française de l'Economie a été nommée, mardi dernier, par le Conseil d'administration comme première responsable du FMI, perpétuant ainsi la tradition du partage du pouvoir à la Banque mondiale et au FMI entre Européens et Américains. Ces derniers ont d'ailleurs affiché leur soutien à Mme Lagarde qui a bénéficié en effet d'un large soutien au sein même du FMI. Mais Christine Lagarde prendra la direction du FMI dans des «circonstances très difficiles», comme elle l'a elle-même reconnu, hier, notamment avec la crise grecque et les risques qu'elle engendre sur la zone euro. Consciente de la difficulté de la tâche, elle a déjà lancé un appel à «l'entente nationale» politique en Grèce où le parlement a adopté hier le plan d'austérité malgré la pression de la rue. Intitulé «Cadre à moyen terme de stratégie budgétaire», le nouveau plan, dicté par l'UE et le FMI, prévoit d'ici 2015 des économies de 28,4 milliards d'euros et des privatisations massives devant apporter 50 milliards d'euros. Ce projet a été jugé obligatoire par les partenaires européens pour la poursuite de leur soutien financier, afin d'éviter un défaut de paiement de la Grèce et une mise en danger de la zone euro. C'est dans ces conditions que Lagarde prend les rênes du FMI. En dépit du soutien arraché, sa nomination à la tête du FMI a, pour rappel, suscité des commentaires de la part des Organisations non gouvernementales (ONG). «Ce simulacre de processus de nomination porte préjudice à la crédibilité du FMI», a affirmé l'organisation de lutte contre la pauvreté Oxfam dans un communiqué. L'ONG a demandé que soit publié le verbatim de l'audition de Mme Lagarde à Washington le 23 juin, ce qui permettrait «de savoir ce à quoi elle s'est engagée devant le Conseil d'administration et quelles seront les priorités effectives du FMI sous sa direction». S. I.