Quel résultat pour les consultations politiques ? C'est à cette question qu'ont tenté de répondre les participants au débat organisé, hier, par le centre des recherches et des études stratégiques «Amel El Ouma», qui fête, à l'occasion, sa première année d'existence. Il ressort au final que la commission Bensalah ne peut pas apporter de vraies réponses à la crise politique dont on nie l'existence. Pour le directeur du centre, M. Hariti Smail, «le régime, en place depuis cinquante ans, n'est pas en mesure de répondre aux attentes des Algériens». Pour le conférencier, «le régime est incapable de comprendre les Algériens parce qu'il s'appuie sur l'exclusion. Et chaque pouvoir fondé sur l'exclusion est appelé à disparaître». S'appuyant sur quelques indices, M. Hariti est convaincu que «le régime en place n'est pas réformable. Mais il faut plutôt un changement». Dans son analyse du travail accompli par la commission Bensalah, dans le cadre des consultations politiques, M. Hariti s'est montré sceptique en citant plusieurs failles dans le processus. La première a trait au discours des représentants du pouvoir qui s'entêtent à dire que «l'Algérie ne vit pas une crise politique» et que «ce qui se fait actuellement n'a pas été dicté par un contexte régional». La deuxième faille concerne le personnel désigné pour mener ces consultations qui «n'émane pas des populations». Ce qui a fait perdre à cette commission toute crédibilité. Le troisième point noir des consultations, «c'est la fermeture des médias lourds à ceux qui ne partagent pas cette façon de faire». Pour la quatrième faille, le directeur du centre évoque le fait «que les consultations ont été centrées sur la révision de la Constitution comme si le problème est dans le texte». Le cinquième indice, c'est «la répression de toutes les manifestations pacifiques» initiées par différentes catégories sociales. Ces indices font ainsi dire au directeur du centre que «le régime manque de volonté de changement». Quelle alternative pour le pays ? M. Hariti défend l'idée selon laquelle «le peuple algérien aspire à un système de gouvernance fondé sur la liberté et la justice sociale et à une société démocratique intégrée socialement et homogène culturellement dans le cadre d'un système de valeurs et de règles à même de préserver l'indépendance de la décision algérienne et de garantir à l'Algérie son rôle de leadership aux plans arabe et africain». Intervenant au cours des débats, l'avocat Khebaba Amar s'est interrogé sur les questions abordées par la commission Bensalah et ses hôtes. «Moi, je ne comprends pas pourquoi la loi sur les rassemblements n'a pas été évoquée», dit-il en soulignant qu'aucun parti n'a été agréé depuis des années. Pour Zoubir Arous, enseignant au département de sociologie à l'Université d'Alger, la question devrait être posée sous un autre angle. Il préfère aborder la problématique en posant d'abord la question suivante : comment est gérée l'Algérie ? «Les consultations ne peuvent pas donner des résultats positifs si elles ne répondent pas à cette interrogation», fait-il savoir, et il rappelle le sort comique réservé à toutes les commissions installées par les pouvoirs publics. Me Mouna Meslem, avocate, a plaidé pour «la construction des institutions». Kaisser Mustapha, Libanais enseignant à Alger et à Blida, propose «une révolution culturelle contre la bureaucratie qui creuse le fossé entre le gouverneur et le gouverné». Plaidant pour «une réforme à moindre coût», M. Kaisser fait le distinguo entre les régimes tunisien, égyptien et le régime algérien. «Il n'y a pas de pouvoir personnel en Algérie comme c'était le cas en Tunisie et en Egypte», a-t-il soutenu. A. Y.