Après la plus vaste affaire de piratage de l'histoire d'Internet, le service de jeux en ligne et de vidéo restait fermé dans l'Archipel depuis la mi-avril. Sony va tourner une page demain. Ses services PlayStation Network (PSN), pour les jeux en ligne, et Qriocity pour la vidéo, vont rouvrir mercredi au Japon. Il s'agit du dernier pays où Sony doit reprendre une activité «normale». Mi-juin, le PSN a rouvert en Corée du Sud et à Hong kong. Le groupe attendait l'aval des «autorités» après les piratages subis depuis début avril qui l'avaient contraint à interrompre son service. «Nous rétablirons l'intégralité du réseau PSN dès que possible, dès que les autorités nationales seront à l'aise avec les protections que nous avons mises en place», expliquait début juin, au Figaro, Kaz Hirai, devenu la semaine dernière président de la division jeux de Sony. Il a laissé ses fonctions de directeur général à Andrew House, Gallois d'origine, tout comme Howard Stringer, le président du groupe Sony. L'affaire est grave. Plus de 100 millions de comptes Sony ont été piratés, dont 77 millions seulement pour le réseau PSN. Les données relatives à 23 millions de cartes de crédit en service ont été récupérées par des «hackers», les pirates d'Internet. Le centre de calcul du groupe de Tokyo, situé à San Diego, a fait l'objet de plus d'une quinzaine d'attaques. L'origine du piratage, selon Kaz Hirai qui s'est entretenu avec Le Figaro, lors du salon des jeux vidéo ? «Je ne sais pas qui sont les pirates qui en veulent au groupe Sony dans son ensemble. Des individus ou des groupes de «hackers» nous attaquent pour dire au monde entier qu'ils ont été capables de passer nos barrages de sécurité. Nous avons subi des dénis de service de la part d'un groupe de hackers appelés Anonymous, lié au fait que nous avons essayé de protéger la propriété intellectuelle de la PlayStation 3. Mais il ne semble pas qu'il y ait un lien établi entre ce groupe Anonymous et le piratage. Il ne semble pas qu'il y ait une augmentation des actes frauduleux depuis la brèche dans le réseau PSN. Nous n'avons pas été contactés par des consommateurs qui se seraient plaints d'un mauvais usage de leurs informations personnelles. Soit les données personnelles n'ont pas été volées, soit l'objectif des hackers n'a pas été d'utiliser les informations, mais de dire au monde entier que le FBI, Sony ou une autre entreprise ont été attaqués». L'enquête se poursuit. Le groupe de pirates «Lulz Security», qui vient de décider de se dissoudre, a mis en ligne sur Internet plus de 2 millions de noms de clients de Sony. L'un de ses membres présumés a été arrêté récemment par Scotland Yard. Face à ces attaques, Sony a pris, en mai, une provision de 14 milliards de yens (120 millions d'euros). Ce montant doit-il être réévalué après de plus récentes attaques ? «Non, répond Kaz Hirai. Le plus grand risque potentiel a été la brèche du réseau PlayStation Network. Ainsi, l'estimation se fonde sur cette attaque. Mais nous ne sommes pas sûrs de la nature des informations qui ont été prises ni des mauvais usages potentiels qui pourraient être faits des données piratées. Notre service a été fermé et nous avons réalisé une offre de retour aux clients qui sont revenus sur le réseau en ligne. C'est la raison pour laquelle nous avons réalisé cette estimation». Le préjudice d'image n'est pas encore évalué. Mais Sony se réconforte en expliquant que «la loyauté des consommateurs est incroyable». Car «là où nous avons restauré le service PSN, 90% de l'activité est revenue à la normale. C'est le cas aux Etats-Unis et dans la plupart des pays où nous l'avons rétabli. Moins de 1% de clients demandent à fermer leur compte sur PSN. C'est la raison pour laquelle nous sommes très reconnaissants envers eux. Nous ne les remercierons jamais assez. Cet incident n'aurait pas dû se produire», admet le président de la division jeux. M.C In Le Figaro du 04-07-2011