La Turquie a décidé de reconnaître le Conseil national de transition (CNT), l'instance représentant les insurgés libyens. Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, s'est même déplacé à Benghazi pour appuyer la position de son pays. Accompagné de dirigeants d'entreprises pétrolière et aérienne turques, Davutoglu parie déjà sur l'avenir. Pour Ankara, Kadhafi semble faire déjà partie du passé. D'un autre côté, à l'occasion de la réunion du conseil Otan-Russie, consacré en partie à la Libye, Moscou et Pretoria pourraient appeler à cesser les raids aériens de l'Otan contre le régime du colonel Kadhafi. Le président sud-africain Jacob Zuma a rencontré le président russe Medvedev dans la ville de Sotchi, sur les bords de la mer Noire, et des pourparlers ont eu lieu avec le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, dans le cadre d'une réunion du conseil Otan-Russie au niveau des représentants permanents, qui réunira les Etats membres de l'Otan. Les Sud-Africains sont pour une solution politique à la crise qui déchire la Libye. L'Afrique du Sud a, lors du sommet de l'Union africaine qui s'est déroulé en Guinée équatoriale, plaidé pour des pourparlers. L'organisation panafricaine a adopté un texte qui devrait servir de base à des négociations futures entre les parties libyennes en conflit. Ce texte prévoit d'écarter le colonel Kadhafi des négociations, tout en refusant d'appliquer le mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre le dirigeant libyen pour «crime contre l'humanité». Le document prévoit le déploiement d'une «force de maintien de la paix» sur le terrain. Les insurgés de Benghazi ont rejeté cet accord-cadre. Pour le CNT, il n'y a «aucune chance, actuellement ou dans l'avenir, pour que Kadhafi reste en Libye». Le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis quarante-deux ans, n'entend nullement céder à la pression militaro-diplomatique qui le vise depuis le début des hostilités. Son fils aîné a accusé récemment des pays occidentaux d'avoir envoyé des commandos à Tripoli pour «éliminer physiquement» son père. Comme l'Afrique du Sud, la Russie cherche également à jouer un rôle de médiateur dans le conflit en cours en Libye. Le président Dmitri Medvedev a envoyé en juin un émissaire dans ce pays pour discuter avec les deux belligérants d'une sortie de crise avec le minimum de dégâts. De son côté, Jacob Zuma, mandaté par l'Union africaine, s'était rendu fin mai à Tripoli pour rencontrer Kadhafi et tenter une médiation. La Russie s'était abstenue d'opposer son veto en février au Conseil de sécurité à la résolution 1973, qui a donné lieu à l'intervention occidentale en Libye. Moscou a ensuite dénoncé l'intervention de l'Otan et la volonté d'extirper le colonel du pouvoir. M. B./agences