A l'instar des autres wilayas, la capitale a connu ces derniers temps une série de distribution de 1 900 logements sociaux (sur 120 000 demandes). Le bilan de cette opération est mitigé. Un premier constat montre que l'offre est largement en dessous de la demande, d'où le mécontentement de la population dans plusieurs communes. C'est le cas à El Madania, El Mouradia, Bab El Oued, Belouizdad, Baraki, Bordj El Kiffan, Bab Ezzouar, Alger- Centre, la Casbah et bien d'autres quartiers de la capitale. Dans certains cas, les populations ont manifesté leur colère, à travers des rassemblements. Mais globalement la situation n'a pas dégénéré à Alger, contrairement à ce qui s'est passé à Annaba et El Tarf par exemple ou la protesta fait toujours rage. Il y a lieu en effet de relever qu'au niveau de la capitale, la contestation n'a pas atteint le seuil enregistré dans d'autres régions du pays. Cependant, le mécontentement est perceptible chez les citoyens exclus de la liste des bénéficiaires. Face à la satisfaction des uns, il y a une grande déception chez d'autres qui n'ont pas hésité à déposer des recours. «Mon nom a été retiré de la liste des bénéficiaires de la commune de Bordj El Kiffan alors que je suis réellement dans le besoin», regrette une maman, chef de famille agent de nettoyage dans une école primaire et qui s'interroge sur les raisons de son exclusion en attendant les résultats du recours déposé au niveau de l'APC en question. Ils sont nombreux à se dire victimes de l'oubli, de l'exclusion et des passe-droits. Les citoyens accusent directement les élus d'être à l'origine d'une telle situation. De leur côté, les élus trouvent normal qu'il y ait des mécontents. «On ne peut pas satisfaire tout le monde, on opère par ordre de priorité selon certains critères», soulignent-ils. Mais, ces explications sont loin de convaincre les citoyens qui espèrent bénéficier des prochaines opérations de distribution de logements sociaux participatifs (LSP) ou de relogement dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire. A Alger-Centre dont le P/APC animera demain une conférence de presse pour dresser le bilan des distributions des logements sociaux locatifs, on estime «que le plus dur est passé». Cette commune a faut-il le rappeler, distribué 440 unités lors de la dernière opération dont 40 financés par l'APW alors que les 400 autres ont été financés par les fonds propres de la commune qui a par ailleurs lancé le projet de réalisation de 1 200 LSP à Saoula, toujours sur ses fonds propres. La liste des bénéficiaires sera connue au plus tard dans deux mois, selon une source de l'APC qui n'a pas manqué de relever d'ores et déjà la réussite de l'opération de distribution des 440 logements sociaux. «Nous avons opté pour l'approche participative. Nous avons travaillé avec les 28 comités de quartier. C'est pour cela que nous n'avons pas eu de grandes difficultés par la suite», explique un élu local. Il faut dire que le problème de financement ne se pose pas pour cette commune connue pour être parmi les plus riches APC du pays, contrairement à d'autres régions qui n'ont pas les moyens de financer la réalisation du logement comptant uniquement sur les quotas accordés par les wilayas. C'est ce qui fait la différence. Mais c'est ce qui pose aussi le problème de financement et celui du foncier. Sinon, les responsables de la wilaya d'Alger n'auraient pas opté pour d'autres wilayas pour construire des logements puisque le choix a déjà été porté sur Blida et Boumerdès.Aussi, des terres agricoles seront utilisées pour libérer des assiettes foncières à destiner pour la construction de logements. Lors de sa rencontre avec les walis au début du mois de juin, le ministre de l'Intérieur a appelé à la régularisation du problème du foncier agricole afin de trouver les espaces nécessaires à la réalisation des projets immobiliers contenus dans le programme quinquennal 2010-2014. D'ailleurs, la wilaya d'Alger a réglé ce problème (expliqué entre autres par la mauvaise gestion des DEC durant les années 1990) en réservant des terres agricoles pour la réalisation de trois grands projets immobiliers. Cependant, beaucoup reste à faire pour satisfaire la demande en logements dans la capitale où le nombre d'habitants a atteint les 5 millions. Le défi de faire face à cette croissance démographique dans une ville comme Alger où le patrimoine immobilier est en dégradation, reste à relever. Ce à quoi s'attellent les autorités de la wilaya. Le wali d'Alger a en effet annoncé fin juin qu'au total, 120 000 logements seront réalisés à Alger d'ici 2014 pour une demande de 108 000 unités. Il est attendu que «tous les citoyens qui ouvrent droit au logement en bénéficieront. Ils doivent juste être patients», a-t-il promis lors d'une session ordinaire de l'Assemblée populaire de wilaya (APW). Actuellement, 47 000 logements socio-locatifs et 21 000 LSP sont en cours de réalisation. Ils seront achevés avant la fin de l'année. Ces promesses seront-elles tenues connaissant les lenteurs dans la réalisation des projets et les problèmes récurrents d'approvisionnement en matériaux de construction ? S. I.