Les médecins résidents ont décidé, après un vote national, de geler leur mouvement de grève illimitée entamée le 28 mars 2011, en attendant la promulgation de leur nouveau statut au Journal officiel. La reprise des activités hospitalières et pédagogiques aura ainsi lieu demain dimanche, a annoncé jeudi dernier le Collectif des médecins résidents dans un communiqué. «Geler la grève, non la contestation, encore moins le combat», tient-on à préciser. «Ce n'est en aucune manière une renonciation à nos principes ou à nos objectifs. C'est une pause indispensable dans toute activité syndicale pour évaluer nos acquis, leur donner le temps de se concrétiser et remobiliser nos troupes de plus belle, en ayant de nouveaux objectifs et une plus grande expérience», soulignent les résidents. Ainsi, après 130 jours de grève, de nombreux sit-in au niveau des hôpitaux, des ministères de la Santé, de l'Enseignement supérieur, de l'Assemblée populaire nationale (APN), de la Présidence ; des sit-in nocturnes, des marches réprimées à Alger, Oran et Tlemcen... Les activités reprennent leur cours normal dans les hôpitaux. Pour les patients, c'est la délivrance. Ce gel a été motivé par le «caractère inapproprié» à la contestation sociale durant la période estivale et des congés administratifs, écrivent les délégués du Camra dans un communiqué. Cette période connaît aussi une recrudescence de la demande médicale par rapport à la couverture sanitaire au sein des structures hospitalières. Pour cela, notre devoir moral nous impose d'être au chevet des malades durant cette étape. «Après concertation de l'ensemble des médecins résidents au niveau national, nous avons décidé de geler momentanément la grève à partir du 17 juillet», a déclaré Merouane Sid-Ali, un des porte-paroles du mouvement. «Un nouveau statut a été signé le 30 juin avec la tutelle (le ministère de la Santé). Nous attendons sa publication au Journal officiel, en espérant qu'il ne sera pas modifié, pour décider des suites de notre mouvement», a-t-il ajouté. «Ce n'est pas un renoncement à notre plateforme de revendications dont la principale est l'abrogation du service civil», a encore souligné le porte-parole. Le service civil oblige, pour rappel, tout médecin qui achève six ans de spécialisation dans les hôpitaux à exercer entre deux et quatre ans dans les zones reculées du pays. En outre, un porte-parole du Camra a indiqué que le président Abdelaziz Bouteflika devrait aborder ce sujet avec le ministre de la Santé, Ould Abbès, durant les consultations traditionnelles de la période du Ramadhan. Notons que Ould Abbès avait récemment indiqué que la décision de supprimer cette obligation ne dépendait pas de lui.Les quelque 8 000 médecins en spécialisation ont souvent accusé leur ministre de tutelle de n'avoir pas tenu ses promesses passées. «Nos revendications ont été satisfaites en partie, notamment en ce qui concerne le statut particulier et l'amorce de la réforme pédagogique. Pour l'abrogation du service civil, notre combat reste inchangé car elle représente l'intérêt supérieur du patient», peut-on lire dans le communiqué du Camra. Les médecins résidents veulent un statut qui intègre une revalorisation salariale, une réforme pédagogique de leur formation mais surtout l'abrogation de l'obligation du service civil. Devant l'échec des négociations, le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, avait saisi la justice qui avait déclaré cette grève «illégale». Il a aussi décidé du gel de 100 jours de salaire. Depuis le 7 mars, les médecins résidents ont mené de nombreuses actions (manifestations et sit-in), surtout à Alger et se sont retrouvés confrontés de manière musclée à la police, avec des blessés dans leurs rangs. Y. D.