C'est à l'hôtel Hilton sous un chapiteau bondé de monde, que l'humoriste français d'origine camerounaise Dieudonné Mballa a présenté jeudi dernier son spectacle «Mahmoud». Inspirée de sa rencontre avec le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, cette représentation a, dés sa sortie, fait couler beaucoup d'encre en France. L'humoriste est accusé de véhiculer des propos de haine et d'être antisémite, autrement dit Dieudonné dérange. Fidèle à son image d'anticonformiste, l'humoriste entame son spectacle en fustigeant le gouvernement français et l'histoire inculquée dans les manuels scolaires, «l'histoire est faite pour justifier l'état actuel» dira-t-il ajoutant que seuls les gagnants écrivent l'histoire tandis que les perdants se consacrent à leur ruine. Il évoquera également son expérience en France, surtout après l'épisode de son accusation de raciste. À ce sujet il dira que «le courage en France c'est de fermer sa gueule», qu'il faut «savoir collaborer» au risque de se faire «déporter». Toujours ironique, l'humoriste avouera au public que grâce à ce spectacle il a eu à connaitre «les gens les plus infréquentables de France», autrement dit les indésirables du système du président Sarkozy. Dieudonné parlera par la suite de ses voyages et de ses rencontres en Iran et à Damas qui, selon lui, est «le saint Tropez des infréquentables». Il relatera sa rencontre avec le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, qui, d'après lui, est le seul président désobéissant au lobby sioniste. «Tous les pays producteurs de pétrole ont des présidents très obéissant mais Mahmoud Ahmadinejad est un homme très désobéissant» dira-t-il. Pas d'allusions au gouvernement actuel iranien ni sur ce qu'il commet comme violations des droits de l'Homme, l'humoriste se contentera de défendre une vision partiale du président Mahmoud Ahmadinejad, celle d'un homme capable de défendre ses points de vues et opinions politiques à la tribune internationale. L'artiste s'étalera par la suite sur son voyage en Syrie ainsi que sur sa rencontre avec un représentant de Hamas, avec qui parler d'antisionisme est plutôt une blague. Dieudonné s'amusera par la suite à son jeu préféré, celui de faire passer le philosophe français Bernard Henry Lévy pour une tête à claque et cela à travers la mise en scène d'un plateau télévisé opposant BHL à un esclave au 16ème siècle. Très réussit, ce passage nous révélera que depuis le 16ème siècle, les rapports entre les minorités ethniques et l'homme blanc «représenté par BHL» n'ont pas beaucoup évolué. Il parlera aussi de la notion de crime contre l'humanité apparue en 1945. Il dira que seuls les crimes contre l'humanité commis après cette date sont prit en considération. Par ailleurs, Dieudonné offrira au public un tableau très symbolique, celui d'une jeune qui kidnappe l'ambassadeur des Etats-unis d'Amérique pour lui faire subir un procès international. Evidement, le réquisitoire contre lui est lourd, à vrai dire il est accusé de «tout» selon l'humoriste, il le condamne à mort. Il parlera aussi du président américain actuel, Barak Obama, le qualifiant de «création de la CIA». Vers la fin de son show, Dieudonné changera de ton avec un humour moins engagé, plus banal, un humour commun dirigé vers les médecins spécialistes du cancer qui n'ont aucun mal à faire des patients des cobayes. Il aura pour exemple, le fameux «traitement révolutionnaire» contre le cancer. Véritable bête de scène, Dieudonné est un homme sur de ses positions et n'hésite pas à jeter son fiel sur les hommes les plus puissant du monde, trop souvent encensés par les médias internationaux quand ils ne ferment pas les yeux sur leurs travers. W. S.