A l'exception des capitales régionales, les populations des autres villes du pays sont dépourvues de ce genre d'infrastructure s'il y a, néanmoins, un autre niveau de blocage que subit la natation. Il s'agit des villes dotées de piscines, mais dont la pratique peine à se généraliser. Une situation qui impose des interrogations. Pourquoi les Algériens ne se rendent-ils pas dans les piscines ? Les associations sportives accomplissent-elles leurs missions vis-à-vis de la population ? Il est vrai que la perception qu'on se fait de la natation a joué un mauvais tour à la discipline. Car la natation, à l'instar de la plongée sous-marine et autre sports aquatiques, a été considérée pendant longtemps comme un sport de luxe. Ce qui élimine de facto les enfants des couches défavorisés ou les «enfants du peuple». Il était donc quasiment difficile de voir la pratique de la discipline se généraliser quand les moyens de motivation viennent à manquer. La natation en Algérie a certainement du potentiel malgré une faible base de pratiquants, qui a atteint un chiffre pas du tout rassurant, avec quelque 5 000 licenciés pour quelque 50 clubs et seulement 8 piscines fonctionnelles dans les cas les plus favorables, alors qu'un pays comme la France compte 280 571 licenciés, 1 463 clubs et plus de 1 250 piscines. La Fédération algérienne de voile regroupe aujourd'hui quelque 15 ligues régionales issues d'une quarantaine de clubs et presque 5 000 licenciés. La réussite des nageurs, en particulier ceux évoluant à l'étranger, a été le fruit d'un ambitieux projet fédéral visant la restructuration de l'élite et la dynamisation de la performance. Ce projet consiste à prendre, sous l'entière responsabilité de la tutelle, la préparation de l'élite, des espoirs régionaux et nationaux en s'appuyant sur les grands clubs, les sélections régionales et le placement des nageurs performants à l'étranger. Lors d'une première étape, l'encadrement technique a été confié à deux entraîneurs étrangers, assistés par un staff national. L'accroissement du nombre de piscines à travers tout le pays a tout de même permis aux différents groupes de la sélection des jeunes talents surtout de bénéficier d'excellentes conditions de préparation avec au menu un entraînement biquotidien en bassin de 50 m (hiver et été), ce qui fut une première. Quelque 44 stades omnisports, 249 complexes sportifs de proximité, plus de 850 terrains sportifs de proximité, 187 piscines et bassins de natation, ainsi que plus de 70 salles omnisports entre 1999 et 2008 ont été livrés aux communes concernées. Les projets ont eu le mérite d'inciter les nageurs sélectionnés à la performance par l'entraînement biquotidien en octroyant des bourses pour couvrir les frais de transport, d'alimentation, d'assistance scolaire. Ce plan de restructuration a déclenché le processus de mise à niveau de la natation algérienne en vue de préparer une équipe de nageurs compétitifs pour la saison 2011, notamment les championnats maghrébins (catégorie jeune : minime-cadet-junior) en avril en Algérie, les championnats arabes (catégorie jeune) en juillet 2011 en Algérie, et les championnats d'Afrique jeune (Maroc) en juin 2011. La FAN a préféré énormément investir sur les catégories jeunes et ce, dans un souci d'émancipation de l'équipe nationale élite «A» et pour lui garantir un renouvellement perpétuel. Les bureaux directeurs vont attendre longtemps pour cueillir les fruits de cette restructuration. Le redressement de la natation algérienne est aujourd'hui une réalité indiscutable et un précieux acquis. La FAN est appelée à jeter de nouvelles bases, répondant aux exigences du haut niveau La nouvelle équipe fédérale sera appelée désormais à ne pas s'endormir et à consolider ces acquis en jetant les bases d'un nouveau plan répondant aux exigences de l'accès au haut niveau, intéresser les clubs à la préparation de leur élite, contrôler et favoriser l'exode des nageurs d'élite à l'étranger en leur offrant les moyens adéquats pour atteindre la haute performance au sein des structures nationales. Pour préparer une élite de performance, il est question d'améliorer les chronos et de permettre aux jeunes de s'aguerrir davantage afin de mieux intégrer le monde de la natation de haut niveau. Certains athlètes ont dépassé l'âge et ne peuvent plus être performants. Malgré les quelques performances au championnat d'Afrique ou aux Panarabes, les chiffres, sur une échelle mondiale, laissent à désirer. En effet, les athlètes algériens n'ont pas pu afficher de performances éclatantes et ce, malgré la présence de toute l'élite continentale et régionale. Il faut dire qu'en l'absence de toute structure spécialisée, nos nageurs se préparent à l'étranger. Aujourd'hui et depuis la construction par les pouvoirs publics d'une cinquantaine de piscines, alors que d'autres sont en chantier ou en projet, ce problème demeure malheureusement entier. Il est vrai que construire est une excellente initiative provenant de l'Etat, notamment dans des régions chaudes du pays où la chaleur excède parfois les 50° C et où des citoyens se noient dans des mares, mais la formation des gestionnaires de bassins qui pourrait être une priorité pour ceux habilités à installer les chefs d'unité, une manière de les gérer à bon escient, en est une autre. Ce sera probablement la meilleure façon de voir un jour cette pratique sportive se hisser à sa plus haute distinction, car les piscines poussent comme des champignons, les entraîneurs et les nageurs sont à la hauteur de leur tâche, les raisons du blocage pourraient être la gestion des piscines, sinon et en ces temps importants de la préparation, pourquoi d'énormes satisfactions, pour peu qu'elle soit gérée d'une manière convenable et équitable, sinon pourquoi l'Etat gaspille tant d'argent pour la construction de bassins et ne songe guère à former des gestionnaires ? Des habitants très proches du lieu où sont implantées les piscines évoquent la distribution des cartes d'autorisation sur la base de la fonction du demandeur. Pour que la natation émerge et sorte la tête de l'eau, il faudrait avant tout éliminer toute sorte de favoritisme. C'est le seul moyen d'éviter à la natation une asphyxie mortelle. Il faut également encourager les nageurs du cru et les écoles de formation, dont certaines ont disparu. Outre la création de piscines, le MJS souhaite donner un souffle nouveau à la natation avec la rénovation et l'extension d'une base arrière pour les jeux Olympiques de Londres 2012. Nous avons un palier à franchir, et pour passer ce cap, les dirigeants comptent, bien sûr, sur les nouvelles infrastructures pour côtoyer l'élite de la natation mondiale. Avec l'ouverture des nouvelles piscines comme celle de Kouba et de Bab Ezzouar, la natation algérienne aura une bonne carte à jouer. M. G.