C'est donc dans cette ambiance électrique que s'est ouvert hier matin le procès d'un des symboles de l'ancien système. Habib El Adli, ancien ministre de l'Intérieur de Moubarak, a comparu hier devant le juge. Ce dernier dans une séance expéditive, transmise en direct par l'a télévision d'Etat, a reporté son procès au 3 août prochain pour se tenir en même temps que celui du président déchu et ses deux fils. L'ancien ministre de l'Intérieur de M. Moubarak est accusé d'avoir donné l'ordre de tuer des manifestants pendant le soulèvement populaire de janvier et février, qui a conduit à la chute du régime et a fait officiellement près de 850 morts. Des centaines de manifestants, notamment les familles des victimes, étaient venues assister au procès devant un tribunal du Caire. Le convoi qui a évacué l'ancien responsable a été la cible de jets de pierres des manifestants en colère. Le procès pour meurtre de M. Adli et de plusieurs de ses anciens collaborateurs sera fusionné avec celui, prévu à la même date, de M. Moubarak et de ses deux fils, Alaa et Gamal, qui font face aux mêmes accusations pour la répression du soulèvement. Personnage-clé de l'ancien régime, particulièrement craint et détesté par la population, Habib elAdli a déjà reçu une première condamnation à 12 ans de prison pour corruption. Par ailleurs, l'ancien Premier ministre égyptien Ahmad Nazif, accusé de corruption, a été interrogé hier par le parquet militaire, selon les dires d'une source militaire égyptienne. M. Nazif est accusé de s'être approprié un terrain appartenant à l'Etat et d'avoir détourné de l'argent public. C'est la première fois qu'un dignitaire du régime de l'ancien président Hosni Moubarak, chassé par une révolte populaire en février, est entendu par un tribunal militaire. «M. Nazif est actuellement interrogé par la justice militaire», a indiqué la même source aux agences de presse étrangères présentes au Caire. L'ancien Premier ministre est entendu en même temps que l'ancien gouverneur de Louxor Samir Farag et un homme d'affaires, Mamdouh Qoleib. Le procureur a décidé de transférer ce cas à la justice militaire en raison du statut de général de l'armée à la retraite de M. Farag, selon la même source. Le 12 juillet, Ahmad Nazif avait été condamné à un an de prison avec sursis dans une affaire d'utilisation abusive de fonds publics et de profits illicites pour un montant de 92 millions de livres égyptiennes, soit environ 13 millions de dollars.Six mois après la chute de Moubarak, des dizaines d'anciens responsables ou proches du régime déchu sont en prison, condamnés ou en attente d'un procès, pour des accusations de meurtre ou de corruption. Les manifestants qui occupent la place Tahrir depuis plus de deux semaines réclament toutefois une justice plus ferme et plus rapide, et accusent l'armée d'être indulgente à l'égard des amis de Moubarak. G. H./Agences