La crise libyenne s'installe dans le temps. Les deux camps en conflit restent «loin d'un accord politique», a déploré l'envoyé spécial de l'ONU. Seules les reconnaissances des adversaires de Kadhafi s'accroissent. La dernière en date, Londres reconnait le Conseil national de transition CNT comme seul «gouvernement légitime» du peuple libyen. L'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye n'a fait état d'aucun progrès à l'issue de ses discussions en début de semaine avec des représentants du CNT, organe politique de la rébellion, à Benghazi puis avec le Premier ministre libyen Baghdadi Al-Mahmoudi à Tripoli. La France et la Grande-Bretagne, ainsi qu'un responsable de la rébellion ont suggéré ces derniers jours que le colonel Kadhafi pourrait être autorisé sous certaines conditions à rester en Libye, en lâchant complètement le pouvoir. Mais le Premier ministre libyen est demeuré intransigeant à l'issue de sa rencontre avec l'émissaire de l'ONU. Pour lui le départ du pouvoir du de Kadhafi ne peut même pas être «un sujet de discussion». Après avoir reconnue le CNT comme seul «gouvernement légitime» du peuple libyen Londres a signifié leur expulsion aux derniers diplomates libyens encore en poste et invité le CNT à prendre possession de l'ambassade. Londres s'était peu à peu rapproché de l'opposition jusqu'à autoriser l'ouverture dans la capitale d'un bureau de représentation du CNT. La Grande-Bretagne avait déjà expulsé début mai l'ambassadeur libyen au lendemain d'attaques contre des bâtiments diplomatiques britanniques à Tripoli. L'Otan de son côté poursuit ses activités militaires en Libye avec toujours des dizaines de raids aériens au-dessus du pays. L'Alliance atlantique a mis en garde les forces du colonel contre la tentation de s'abriter dans des sites civils, prévenant qu'elles en feraient automatiquement des «cibles militaires légitime». L'avertissement semble dénoter un durcissement de la stratégie de l'Otan dans son opération dite «Protecteur unifié». Dans la ville de Zleiten, à 150 km à l'est de la capitale les partisans du colonel sont sortis pour condamner les bombardements de l'Otan. A Benghazi, fief des insurgés, des expatriés libyens ont annoncé mardi avoir créé un parti politique, une première depuis des décennies dans ce pays dirigé de façon autocratique par le colonel Kadhafi depuis près de 42 ans. Il s'agit du Parti de la Nouvelle Libye. Les fondateurs du nouveau parti fustigent le Guide. «Kadhafi dit qu'il a construit la Libye pierre après pierre, mais, notamment à Benghazi, il est en train de la détruite pierre après pierre». A Tripoli, Abdelbaset Al-Megrahi, condamné à la prison à vie pour l'attentat de Lockerbie ensuite libéré en 2009 par l'Ecosse, est apparu en public mardi pour la première fois depuis près de deux ans. Lors d'un meeting de sa tribu El Megrahi, dont la libération pour officiellement raison de santé reste sujet à controverse, a soutenu le colonel Kadhafi. M. B./Agences