Beaucoup de décisions, d'évènements pour le moins inédits ont pour matrice le Conseil des ministres du 2 mai 2011. Pour beaucoup de commentateurs et d'acteurs politiques, ledit conseil est «passé» comme tant d'autres avant lui depuis des décennies. Les «radicaux» sans aucune prise de risque ou de responsabilités l'ont considéré comme une procédure banale pour un exécutif tout simplement détesté.Les «soutiens», fidèles à une routine courtisane, l'ont évoqué, chacun selon des prismes plus d'appareils que d'analyse et de prospective, dans un environnement régional en ébullition et dans un climat national évalué pour la froidure du chiffre de 9000 émeutes annuelles selon la DGSN. Et à ce quantitatif, il faudra bien un jour y ajouter les victimes de la barbarie terroriste, les exils et les marginalisations destructrices. A l'issue du Conseil du 2 mai 2011, M. Bouteflika a énuméré les fondements qui resteront intouchables quelle que soit la profondeur des réformes institutionnelles et constitutionnelles. Et il y aura une révision de la Constitution soumise au Parlement, et si nécessaire à un référendum.Au plan législatif, pour rester dans le contenu du Conseil des ministres, le président a précisément évoqué trois lois organiques primordiales dans un premier temps, qui porteront sur le régime électoral, les partis politiques et la place des femmes dans les assemblées élues.Dans une seconde étape, seront concernés des projets de lois relatives aux incompatibilités avec le mandat parlementaire, et au mouvement associatif. Suivra ensuite le projet de révision du code de wilaya qui tangue au gré des intérêts politiques et qui mériterait un autre sort que celui de la commune.Cependant, un fait saillant d'une portée singulière et inédite a caractérisé ce fameux Conseildes ministres du 2 mai dernier. Une saisine présidentielle, adressée au Conseil national économique et social (CNES), annonce «la tenue cette année d'une concertation pour définir les objectifs d'un meilleur développement local et les adapter aux attentes de la population. Le Conseil national économique et social animera cette concertation avec le plein concours du gouvernement et des collectivités locales, et avec la participation, notamment, de compétences représentatives de la population, des élus locaux et des représentants de l'administration locale».A l'évidence, le président de la République, par la saisine du CNES, entend innover en se démarquant en quelque sorte des segments bureaucratiques et inefficaces d'une administration très souvent décriée par les citoyens qui la considèrent comme extérieure à leurs préoccupations et souvent sourde à leurs doléances, à leur mal vie. Pour M. Bouteflika, «cette concertation, dont les modalités seront précisées à travers une “feuille de route”, destinée à ceux qui auront la responsabilité de la conduire, sera entamée bientôt à partir des communes pour aboutir à des assises régionales et pour finir nationales». Elle devra «dégager les recommandations appropriées à même de concourir à l'amélioration de la gouvernance des collectivités locales ainsi que celle des relation entre l'administration et les citoyens». Ainsi se profile l'organisation d'assises nationales dédiées au développement et à la gouvernance locaux. Le rendez-vous est donc pris avec les élus locaux (majorité et oppositions) pour qu'ils fassent preuve de leur représentativité, de leur créativité, de leur capacité à critiquer un système remis en cause par le chef de l'Etat, et surtout à faire des propositions pour le développement local.En fonction de leur proximité et de leur ancrage sur le terrain, les entrepreneurs (privés et publics), les élus, en fonction de la connaissance des terroirs, des potentialités locales, sont les mieux placés pour dire une autre gouvernance. En partenariat avec la société civile qui a fait des recommandations de qualité en juin dernier, lors de ses premiers états généraux, ils peuvent, en intégrant l'université, la jeunesse, postuler à l'excellence sur le terrain local dans toutes les diversités nationales. Le retour à la base, à la légitimité populaire, à la transparence lors des scrutins électifs, serait en quelque sorte revisiter Novembre 1954 pour engager le pays vers des réformes vitales et surtout incontournables, avec des légitimités indiscutables. A. B.