Le président Barack Obama a appelé hier ses alliés démocrates et ses adversaires républicains à sceller un compromis pour éviter un défaut de paiement aux Etats-Unis d'ici à mardi, notant que les positions des deux partis au Congrès n'étaient pas si éloignées. Lors d'une courte intervention depuis la Maison-Blanche, M. Obama a aussi souligné l'urgence de la situation et appelé les Américains à «maintenir la pression» sur leurs élus à Washington pour qu'ils trouvent une solution rapide à la crise actuelle.En effet, il ne reste que quatre jours aux démocrates et républicains pour se mettre d'accord sur un scénario de sortie de crise. La première puissance mondiale ne pourrait-elle pas s'acquitter de ses dettes ? Le scénario paraît de moins en moins invraisemblable, à l'approche du 2 août. Au-delà de cette date, les Etats-Unis ne pourront plus faire face à leurs obligations financières. Ils sont coincés par le plafond de la dette, fixé par la loi à 14 294 milliards de dollars. Le plafond doit être relevé, mais républicains et démocrates s'écharpent sur le calendrier et sur le plan de réduction des déficits qui doit accompagner le relèvement du plafond.Les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, plaident pour un premier relèvement de 1 000 milliards de dollars d'ici au 2 août, puis un nouveau relèvement début 2012, en pleine campagne pour l'élection présidentielle américaine. Une façon de garder un moyen de pression d'ici là. Les démocrates, qui tiennent le Sénat, militent pour un relèvement qui permette de tenir jusqu'en 2013. Ce que rejettent les républicains, y voyant un «chèque en blanc» adressé à Barack Obama, candidat à sa réélection.Le plan de réduction des déficits est un autre point d'accroche. Les républicains plaident pour des coupes massives dans les dépenses publiques, notamment dans les programmes sociaux. Et rejettent toute hausse d'impôts. Les démocrates, via le Sénat, ont présenté un autre plan : ils prévoient 2 700 milliards de dollars de réductions, tout en sauvegardant les grands programmes sociaux. A l'heure actuelle, aucun compromis ne se dessine entre les deux camps.Par ailleurs, la Constitution américaine autorise le président à relever d'autorité le plafond de la dette, sans passer par un vote du Congrès. Un procédé «tentant», a plaisanté Obama lundi, mais il préfère se placer au-dessus des partis et en appeler à ses compatriotes pour faire pression sur eux et cela lui évite d'assumer tout seul la décision.Le Trésor américain estime que le 2 août, le pays sera en défaut de paiement. Ce dernier peut entraîner une situation où les autorités fédérales arrêtent toute dépense, sauf les essentielles (urgences médicales, armée, etc.). La Maison-Blanche a reconnu mercredi être en train d'élaborer ses priorités, en cas d'absence d'accord d'ici au 2 août. A savoir qui sera payé et qui ne le sera pas. Autant de décisions qui pourraient avoir des répercussions négatives sur l'économie du pays.D'autre part, sans accord, les Etats-Unis se retrouveraient dans l'incapacité de rembourser leurs créanciers : tous ceux qui, sur le marché des obligations, ont acheté des bons du Trésor américain, considérés comme des investissements sûrs, faciles à échanger au besoin, à l'instar de l'Algérie (50 milliards de dollars selon des écrits de presse), les banques américaines (1 660 milliards de dollars en juin) et la Chine en tête (1 160 milliards en mai). Mais aussi les ménages américains, les fonds de pension et autres investisseurs privés, les banques centrales, etc. «Personne ne sait ce qui se passera si la première économie du monde cesse du jour au lendemain de payer les intérêts de sa dette. Cela n'est jamais arrivé. Cela mettrait sens dessus-dessous l'économie mondiale», a prévenu Klaus Regling, le chef du FESF, le Fonds de secours mis en place par la zone euro pour ses membres en difficulté. Ce serait «très, très, très grave», répète Christine Lagarde, la directrice du FMI.Sur les marchés, le véritable test sera, estime Natixis, le 15 août, échéance d'un «coupon» estimé à 25 milliards d'euros, à rembourser d'un coup. Le 2 août ne serait donc pas un véritable couperet.Le défaut est jugé peu probable, mais les banques américaines sont en train d'échafauder des plans de secours, au cas où. A. E./agences