Photo : Sahel Par Badiâa Amarni Comme, depuis deux ou trois ans, le Ramadhan intervient en plein été estivale et influe fortement sur le secteur du tourisme en proie déjà à moult difficultés, cette saison s'en trouve ainsi influée encore cette année, d'autant que les habitudes des Algériens, y compris de nombreux résidents à l'étranger, sont de passer le mois sacré en famille dans la pure tradition.Du coup, et après un mois et demi (du 15 juin au 31 juillet) de vacances, de farniente et de repos se prélassant au soleil, les vacanciers reprennent le chemin du retour pour préparer le mois de jeûne à la maison. Tout le monde donc a plié serviettes et bagages pour rentrer chez soi et se rendre au marché pour faire le plein de provisions nécessaires à cette circonstance. Les hôtels au niveau d'Alger et même ailleurs qui étaient marqués par une activité soutenue se trouvent désertés du jour au lendemain. Mais y a-t-il un moyen de retenir ces estivants ? Les responsables ont-ils un programme spécial Ramadhan à leur offrir de manière à les retenir ? EGT Sidi Fredj, des réductions de 50% sur l'hébergement Une petite virée au niveau de certains hôtels de la côte ouest algérienne nous a permis d'apprendre que des réductions allant jusqu'à 50% et parfois plus encore sont proposées. C'est le cas au niveau de toutes les structures de l'EGT Sidi Fredj dont fait partie l'hôtel El Manar. Conscients de cette perte due à une baisse d'activité sur la restauration et l'hébergement, le mois sacré oblige, les responsables à charge de cette entreprise touristique ont, comme l'année dernière, réfléchi à des formules pour essayer d'attirer un tant soit peu de clientèle. Le directeur de l'hôtel El Manar, M. Benmeddour Ahmed, qui est aussi chargé de la communication au niveau de l'EGT Sidi Fredj, nous dira que des formules qui consistent à réduire les tarifs d'hébergement de l'ordre de 50% et plus sont prévues au niveau de la station balnéaire de Sidi Fredj. Des menus typiquement traditionnels au niveau de l'hôtel El Marsa, du restaurant Le Corso et du Club Azur Plage sont prévus également, nous apprend notre interlocuteur. Côté animation, ce sera la continuité au niveau du Casif de Sidi Fredj, qui a accueilli beaucoup de monde cet été. Des spectacles organisés tous les soirs par l'ONCI (Office national de la culture et de l'information) seront au menu du Ramadhan au niveau de ce site. M. Benmeddour explique que «les gens auront sans doute besoin de trois à quatre jours pour s'adapter avant de reprendre le chemin vers Sidi Fredj et le Casif». Toujours selon lui, des appels téléphoniques sont reçus quotidiennement émanant de citoyens pour se renseigner quant à une éventuelle continuité de l'animation au niveau du Casif, et même ce que propose l'EGT comme formules spéciales Ramadhan. Des explications sont ainsi fournies à ces curieux. «Nous leur faisons part des réductions que nous offrons pour le mois de jeûne, des menus spéciaux et de l'ambiance qui les attendent.» Mais du côté de la réservation, rien de concret encore, nous dit le premier responsable de l'hôtel El Manar. Ce spécialiste du tourisme nous confie que cette année, contrairement à toutes les autres, un mois complet (août) sera perdu, et c'est le préféré de la plupart des Algériens pour aller en vacances. Toujours selon lui, plus on avance dans le temps, plus la saison estivale sera perturbée les années à venir encore par le jeûne. Mais cela ne doit pas être, rassure M. Benmeddour, une raison pour cesser toute activité. «Il ne faut pas donner l'impression qu'il y a une cassure à cause du jeûne, mais continuer à vivre dans les traditions de ce mois sacré», indique-t-il. D'autant que la saison estivale, malgré qu'elle soit écourtée par le Ramadhan, a connu une très grande affluence cette année, que ce soit au niveau de l'hébergement que de la restauration, avec un nombre important de couverts vendus. Le directeur de l'hôtel El Manar nous append qu'une moyenne de 60 000 visiteurs par jour a été reçue à l'EGT Sidi Fredj. Une fréquentation qui a dépassé la moyenne de 98% des capacités d'hébergement de l'EGT. Une affluence aussi de 4 à 5% d'émigrés en moyenne est aussi à relever avec 10% de fréquentation dans certains sites. Même des étrangers se sont déplacés au niveau des structures de l'EGT de Fidi Fredj. «Même si ces visiteurs n'y ont pas séjourné, cela est de bon augure pour l'avenir du tourisme en Algérie», signale M. Benmeddour. Du côté de l'hôtel Riadh à Sidi Fredj, des réductions de 50% par rapport aux tarifs habituels sont proposées pour l'hébergement des familles. Ces dernières pourront profiter d'un programme d'animation assez riche spécial Ramadhan. Deux kheimas seront dressées, comme c'était le cas l'année dernière. Des groupes de chanteurs, d'artistes libanais, de DJ… seront présents et réserveront des surprises à la clientèle de cet établissement hôtelier qui est passé de son statut public à un statut privé. Deux boîtes de communication spécialisées dans l'événementiel et les soirées s'attellent d'ores et déjà à préparer cet évènement. Une ambiance conviviale à l'hôtel Riadh M. Pierre El Habre, directeur de l'hôtel Riadh, fera remarquer que tout est prévu pour passer un bon Ramadhan en famille au niveau de notre établissement. Il nous apprend que côté gastronomie, le menu du ftour sera organisé sous forme d'un buffet avec des plats traditionnels algérois : chorba, bourek, qalb ellouz… «Une façon de reproduire la même ambiance qui règne à la maison pendant ce mois sacré.» Les employés, toujours selon le directeur de cet hôtel, «seront aussi traités comme chez eux. Nous allons créer une certaine convivialité entre eux et la direction, puisque je mangerai avec eux». Après donc une année «surchargée où un bon travail a été accompli par toute l'équipe de l'hôtel, le mois sacré du Ramadhan sera mis à profit pour se reposer», explique le directeur de l'hôtel Riadh, confirmant par là même que la saison estivale a été courte cette année. «C'est vrai qu'il y a eu beaucoup de monde, mais la capacité était limitée et l'hôtel a affiché complet, ne pouvant de ce fait satisfaire toute la demande.» Presque tous les hôtels algériens publics ou privés à travers l'ensemble du pays proposent ces mêmes offres de réduction et de menus spéciaux pour le mois de jeûne, mais ils sont très rares les citoyens qui y séjourneront. Du moins tous ceux que nous avons abordés nous ont confié qu'ils préfèrent l'ambiance de la maison à celle d'un hôtel. Peut-être qu'on peut faire preuve de plus d'imagination à l'avenir pour allécher cette clientèle et l'amener à quitter la maison et essayer de jeûner ailleurs. Peut-être aussi que d'ici quelques années, cette clientèle changera un peu ses habitudes et sa mentalité et osera enfin passer le Ramadhan dans un hôtel ou un bungalow. D'ici là, le mois d'août enregistrera sans doute une baisse conséquente de l'activité touristique, et par là même des pertes financières importantes.