La saison estivale sera interrompue tôt, cette année, avec l'arrivée dans quelques jours du mois sacré du Ramadhan, contraignant les hôtels, les stations balnéaires et autres agences de voyage de s'organiser pour tenter de minimiser le manque à gagner pouvant naître d'une saison touristique exceptionnellement courte. L'approche du mois du jeûne, a en effet, réduit la période des réjouissances estivales à un mois et demi (1er juillet -15 août) au lieu des deux ou trois mois habituels, la tradition voulant que le Ramadhan se passe entièrement dans la famille. Les entreprises de tourisme ont eu, du coup, à gérer un surcroît d'estivants et de visiteurs (50 000 par jour en moyenne pour certains) pressés d'en finir avec les vacances d'été pour mieux se préparer aux exigences du mois sacré. C'est cette forte concentration de vacanciers sur une période relativement courte qui a poussé les gérants des lieux touristiques et autres organisateurs de la saison estivale à revoir leurs plannings pour tenter de s'adapter à la nouvelle donne. De nombreux vacanciers ont préféré réduire la durée de leurs vacances pour ne pas avoir à subir les désagréments d'une surcharge des centres de vacances, que ce soit les hôtels, les restaurants ou les sites de divertissement. Pour remédier à cette situation, des réductions de tarifs et soirées spéciales, seront à l'honneur durant cette période. Dans les prochains jours, le taux de fréquentation sera proche de zéro ; à cet effet, les gérants des complexes touristiques se préparent à concocter un programme "Spécial Ramadhan", à même de combler un tant soi peu les éventuelles pertes de recettes engendrées par cette situation. A titre d'illustration, El Manar et El Marsa, les deux grands hôtels relevant de l'entreprise de gestion touristique de Sidi Fredj, ont d'ores et déjà pris les devants en réduisant le tarif d'hébergement au cours du mois de Ramadhan et propose une coupe pouvant aller jusqu'à 70 %. Dans le même sillage, les différents opérateurs et agences de voyage des secteurs public et privé vivent, eux aussi, cette coïncidence du mois de Ramadhan avec la trêve estivale comme une nouvelle expérience à gérer comme il se doit afin de pallier ses éventuelles conséquences sur leur activité et donc sur leur équilibre financier, d'autant que la bonne synchronisation entre les deux événements n'avait pas eu lieu, dit-on, lorsqu'elle s'était déjà imposée il y a trente ans. L'Office national algérien du tourisme (Onat), à titre d'exemple, est en train d'étudier la possibilité d'attirer la clientèle pour les veillées du mois sacré par le recours à des bus spéciaux pour le transport des familles depuis quatre ou cinq points de la capitale vers certaines destinations telles que le complexe de Zéralda. Révisant à la baisse les prix de ses prestations, l'office se montre toutefois peu optimiste car à peu près convaincu que quoiqu'on fasse les Algériens, dans leur majorité, préfèrent passer les soirées du Ramadhan chez eux entourés des proches, des voisins ou des amis. De leur côté, les agences de voyage ont enregistré, en juillet et jusqu'à la mi-août, une demande en nette hausse par rapport à la même période des années précédentes, mais aucune réservation, ou presque, pour le mois de Ramadhan. Selon la Fédération nationale des associations des agences de tourisme et de voyages, "au moins 80% des Algériens ont préféré passer cette année les vacances d'été en Algérie", ce qui a fait chuter la demande sur les destinations internationales. Et là aussi, le Ramadhan y serait pour quelque chose. La même source considère, cependant, que le tourisme religieux s'annonce prometteur durant le mois de Ramadhan, beaucoup de fidèles étant en congé professionnel et donc plus enclins à effectuer une Omra. Quoiqu'il en soit, les agences de voyage avouent réfléchir déjà à la meilleure manière de gérer le tourisme pendant le Ramadhan, pour les quatre ou cinq années à venir, avant que le mois sacré quitte peu à peu l'été pour offrir aux jeûneurs les plus belles soirées printanières.