L'armée égyptienne, qui dirige actuellement le pays, a démenti tout projet de grâce de Hosni Moubarak. Les militaires au pouvoir depuis la mi-février qualifient de " rumeurs " cette information d'un journal indépendant. L'ancien dirigeant égyptien est poursuivi pour corruption et abus de pouvoir. Avant-hier, le journal indépendant égyptien Al-Chorouk avait affirmé que M. Moubarak, 83 ans, chassé le 11 février du pouvoir par une révolte populaire, préparait une lettre dans laquelle il présenterait des excuses aux Egyptiens et remettrait ses avoirs à l'Etat, dans l'espoir d'obtenir une amnistie. Le même jour, son épouse, Suzanne, 70 ans, avait été remise en liberté, après avoir remis à l'Etat l'argent qu'elle détenait sur des comptes en Egypte. Les époux Moubarak se trouvent actuellement dans un hôpital de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, où ils sont suivis à la suite de malaises cardiaques. L'ancien président a été placé en détention préventive dans cet établissement le 13 avril, en attendant que son état de santé permette un transfert en prison. Cette double hospitalisation, qui a évité au couple d'être incarcéré, a alimenté les rumeurs selon lesquelles Hosni et Suzanne Moubarak bénéficiaient d'un traitement de faveur. Les militaires au pouvoir en Egypte ont démenti hier les "rumeurs" selon lesquelles ils envisageraient de gracier l'ancien président Hosni Moubarak, poursuivi pour corruption et abus de pouvoir. "Le conseil suprême des forces armées affirme qu'il n'y a absolument aucune vérité dans ce qui a été publié dans les médias au sujet d'une initiative du conseil visant à gracier l'ancien président Hosni Moubarak et sa famille", écrit la junte sur sa page Facebook. Le conseil "n'intervient d'aucune manière dans les affaires judiciaires et particulièrement en ce qui concerne les symboles de l'ancien régime", ajoute-t-il. Il affirme que ces "rumeurs" sont destinées à diviser le pays. Hosni Moubarak serait prêt à faire comme son épouse, qui a été libérée et remettre ses avoirs à l'Etat égyptien. Il pourrait aussi s'excuser devant le pays pour la répression des manifestations qui l'ont fait tomber, s'il était amnistié en contrepartie. L'armée a cependant démenti cette information. Le journal indique aussi que l'ancien homme fort de l'Egypte - actuellement placé en détention préventive au sein de l'hôpital de Charm el-Cheikh où il est suivi pour des problèmes cardiaques - serait enclin à rendre ses avoirs à l'Etat en échange d'une amnistie, " pour lui même, son épouse et leurs deux fils ", ces deux derniers étant en détention préventive dans une prison près du Caire. Mais l'armée a aussitôt démenti cette information susceptible de déclencher la colère des Egyptiens. L'enquête continue Le juge Assem al-Gohari a déclaré que l'enquête sur la fortune de Suzanne Moubarak n'était pas close, mais que compte tenu de son attitude coopérative " sa remise en liberté était une procédure normale qui s'appliquerait à tout le monde ". L'enquête des autorités égyptiennes sur la fortune des Moubarak se poursuit donc. Certains éléments font état d'une villa appartenant à Hosni Moubarak à Charm el-Cheikh d'une valeur de 6 millions de dollars et d'une luxueuse demeure appartenant à son épouse au Caire. Suzanne Moubarak a accepté dès lundi, juste avant sa libération, que cette maison soit vendue par l'Etat. Le Caire a demandé le gel des avoirs des Moubarak à l'étranger, et la Suisse a annoncé avoir bloqué 320 millions d'euros appartenant à l'ancien président et à son entourage. La jeunesse égyptienne dans le brouillard Les informations du journal Al-Chorouk ont suscité de vives réactions auprès des mouvements de jeunes opposés à l'ancien régime, qui s'indignent de la possibilité que l'ancien président soit gracié. La "Coalition des jeunes de la révolution " a mis en ligne sur internet une pétition en faveur de nouvelles manifestations si Hosni Moubarak échappe à un procès et est amnistié. Quant au " Mouvement du 6 avril", il a choisi l'ironie en postant sur le réseau social Facebook un pastiche de lettre d'excuses de l'ancien président. " Si pendant trente ans je vous ai méprisés et ai fait de votre vie un enfer [...] je présente mes excuses au peuple d'Egypte. "