Le scandale du lait frelaté de Chine qui a semé la psychose il y a quelques jours continue de susciter l'inquiétude de nombreux pays. L'Algérie se veut rassurante. C'est le ministère du Commerce qui réagit par la voix du directeur du contrôle économique, M. Abdelhamid Boukahnoun. Affirmatif, il dira que l'Algérie «n'importe pas de lait de Chine» et qu'«il n'existe aucun risque puisque notre pays ne s'approvisionne pas en lait provenant de ce pays». Pour rappel, l'affaire de lait frelaté a éclaté au grand jour le 11 septembre causant la mort en Chine de 4 enfants après avoir bu du lait maternisé contenant de la mélamine. La mélamine est une substance chimique utilisée dans la fabrication de colle et de plastique, servant aussi, comme adjuvant à un produit, à donner l'apparence d'un contenu plus élevé en protéines. D'autre part, un arrêté du ministère du Commerce relatif aux spécifications du lait en poudre industriel a été publié récemment au Journal officiel pour définir de nouvelles conditions et modalités de présentation de ce lait, sa détention, son utilisation et sa commercialisation. Ce texte réglementaire stipule notamment que le lait en poudre industriel doit être exempt de graisses étrangères, d'impuretés, d'agents neutralisants, de colorants et de toute substance nocive ou toxique. Mais ce n'est pas seulement la peur du lait chinois contaminé à la mélamine qui a gagné le monde. Ce produit chimique dangereux a désormais été détecté dans une large palette de produits, allant de simples bonbons aux yaourts, glaces, biscuits et chocolat. Si l'Algérie n'importe pas de lait de Chine, il y a lieu de s'interroger si ces produits «suspects» ne sont pas sur nos étals ? De nombreux pays, asiatiques et africains principalement, ont suspendu les importations de lait chinois, voire de tous produits laitiers ou pouvant contenir du lait. Des fabricants ont d'eux-mêmes ordonné le rappel d'aliments, comme l'entreprise japonaise Marudai Food, qui a retiré des milliers de petits pains industriels fabriqués avec du lait fourni par Yili, l'un des fabricants chinois incriminés. Pire, les autorités de Singapour ont ainsi annoncé avoir découvert le poison potentiel dans de simples bonbons d'une célèbre marque chinoise («Lapin blanc»). Singapour avait déjà suspendu vendredi l'importation et la vente de produits laitiers de Chine après avoir détecté de la mélamine dans du lait, des yaourts, des glaces, des biscuits et du chocolat. Le scandale du lait frelaté ne cesse de prendre de l'ampleur et dévoile une pratique courante utilisée depuis des mois en Chine : l'ajout de mélamine à des produits alimentaires pour tricher sur leur taux en protéines et le faire paraître artificiellement plus élevé. En 2007, des chiens et des chats du continent nord-américain en avaient été victimes. Du gluten importé de Chine, pour leurs pâtées industrielles, avait été trafiqué à la mélamine. Plusieurs dizaines de milliers d'animaux d'élevage avaient aussi été nourris avec des préparations contenant des suppléments de protéines importés de Chine et contaminés avec de la mélamine. Il faut dire que la Chine fait souvent parler d'elle à cause de ses produits alimentaires ou pharmaceutiques de mauvaise qualité, voire toxiques, pour ses jouets à la peinture au plomb, etc. En début d'année, ce fut au tour de l'héparine chinoise : l'anticoagulant avait été contaminé au sulfate de chondroïtine sur-sulfaté, une substance non naturelle obtenue par modification chimique, avait déclaré la FDA, l'agence américaine de l'alimentation et des médicaments. Cette substance, mimant l'héparine mais moins coûteuse, a entraîné, aux Etats-Unis notamment, des réactions allergiques sévères, dont 19 décès. Environ 53 000 enfants ont dû être soignés en Chine, dont près de 13 000 restent hospitalisés suite à cette affaire qui n'est pas près de connaître son épilogue. A. B. La mélamine, du poison dans des produits alimentaires La mélamine est un composé cyclique contenant trois résidus de cyanamide. Elle offre une grande résistance à la chaleur, au feu, à la lumière. Elle est utilisée dans la fabrication de résines synthétiques et de plastique et notamment dans les colles, ustensiles et retardateurs de flamme. Avec son taux élevé de nitrogène, la mélamine est également utilisée pour la fabrication d'engrais. La mélamine serait largement utilisée en Chine dans les produits alimentaires car elle leur donne l'apparence d'un niveau élevé en protéines. Elle est interdite comme adjuvant alimentaire en Chine comme aux Etats-Unis. A faible dose, elle n'est pas considérée comme hautement toxique à l'ingestion. Mais elle provoque des calculs rénaux, voire le blocage des fonctions rénales quand elle s'amalgame dans l'organisme en cristaux après avoir été en contact avec d'autres composants chimiques. A. B.