Photo : Sahel De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Au centre d'enfouissement technique d'El Berka Zarga dans la daïra d'El Bouni, à quelque cinq kilomètres du chef-lieu de wilaya de Annaba, on peut, rien qu'en promenant son regard, voir l'ampleur de la pollution et de la destruction de l'environnement dont l'être humain est responsable. A perte de vue, des sachets de toutes les couleurs, des déchets domestiques, des bouteilles de plastique, des canettes, fruits et légumes pourris, bref tout ce qui est rejeté comme étant scories s'étale et s'entasse défigurant tout le site. Mais ce qui frappe le plus et en dehors des animaux qui se repaissent de ces détritus, ce sont les déchets hospitaliers qui traînent çà et là, avec parfois, comme on nous l'a rapporté, des membres amputés de quelque patient et que des bêtes se disputent. S'entassent ici, pêle-mêle, des bandages, des seringues, des couches, des médicaments périmés et autres, au milieu de colonnes de fumées dont la puanteur embaume tout le périmètre et, emportée par le vent, cette odeur s'étend jusqu'aux localités toutes proches.Ce qui est vraiment grave dans tout cela est que normalement, étant toxiques, les déchets hospitaliers sont traités à part et ne peuvent, selon la réglementation en vigueur, être déversées dans des décharges publiques ou dans des centres d'enfouissement technique. Ceux-ci doivent être incinérés dans des fours spécialement aménagés pour préserver l'environnement de toute pollution pouvant avoir des effets négatifs sur la santé publique.Cependant et malgré la réglementation qui prévoit de lourdes sanctions en cas de non-respect des textes régissant le traitement des déchets hospitaliers, aucune des huit cliniques privées implantées à Annaba n'est dotée d'un incinérateur censé prendre en charge lesdits déchets. Selon un responsable au niveau de l'un de ces établissements, les déchets hospitaliers sont sous traités avec les hôpitaux qui, eux, sont dotés d'incinérateurs. Les déchets sont acheminés vers ces établissements publics pour y être incinérés ; cela implique des formalités, un suivi et un contrôle permanent pour que tout soit exécuté dans les conditions prévues par la réglementation. Ceci est l'ordre normal des choses, dans la réalité, c'est une autre affaire puisqu'on se débarrasse de ces déchets dangereux comme on jette sa poubelle. Des éboueurs inconscients du danger et moyennant un gros billet prennent tout en charge en procédant à l'enlèvement de ces déchets pour les déposer au niveau du CET où certains travailleurs, à qui on a graissé la patte, ferment les yeux.Côté établissements publics, EPSP, EPH ou EHS on compte sept incinérateurs dont le plus important est celui de l'hôpital Ibn Sina qui est d'une capacité de 500 kg/heure. Si ces incinérateurs sont en service et tournent à plein régime, cela ne règle pas pour autant le problème des déchets hospitaliers toxiques. En effet, selon des spécialistes de la question, la température dans les fours utilisés pour l'incinération des déchets hospitaliers n'atteint pas les 1 200 degrés °C exigés pour la destruction des virus et donc c'est comme si rien n'a été fait. Mais ceci est une autre affaire et un traitement des déchets, selon les nouvelles techniques adoptées dans d'autres pays, demande toute une panoplie de mesures en amont et en aval pour que le problème soit définitivement réglé.