a force de voir les chiffres avancés sur les réalisations dans le secteur de l'habitat, le citoyen algérien a le tournis. Celui qui attend un toit depuis une décennie ne sait plus additionner les annonces de 1000, 100 000 ou un million de logements réalisés. En fait, pour lui, le total importe peu, seul le résultat est vital. Et l'objectif est bien sûr d'obtenir un logement. Mais en 2011, ils restent nombreux, ces Algériens qui affirment attendre depuis une décennie, voire deux, l'acquisition d'un logement. Alors la question est simple : à quoi servent ces millions de logements construits ?Et pour ne pas changer, aucune réponse ne peut être donnée mais encore des réalisations. Selon le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, au premier semestre de l'année en cours, plus de 64 000 logements, tous types confondus, ont été réalisés à l'échelle nationale. Dans un bilan établi par ses services, les 64 552 unités construites sont réparties comme suit : 20 710 logements publics locatifs (LPL), 9 031 logements sociaux participatifs (LSP), 25 418 logements ruraux, 861 logements de type location vente (AADL+CNEP), 3 698 logements promotionnels et 4 834 logements auto-construits. Il est à souligner que la réalisation de 64 000 logements en un semestre est bien en deçà des aspirations puisque faut-il le rappeler, le président de la République s'est engagé à réaliser, dans son programme électoral pour les présidentielles 2009, deux millions de logements durant le quinquennat. Ce qui nécessite une moyenne de réalisation de 200 000 logements par semestre. La différence entre la moyenne de 200 000 logements et les 64 000 logements réalisés pousse à s'interroger sur la capacité du gouvernement à honorer cet engagement même si ce dernier a déjà affirmé avoir réalisé en l'espace du quinquennat 2004-2009, plus d'un million de logements. Au fait, tout le problème en Algérie est un problème de statistiques. Les chiffres sont avancés à tort et à travers, partout et tout le temps. En l'absence d'un organisme probe qui, avec des techniques précises, présente des données fiables, tout est biaisé : le nombre de logements réalisés, celui des logements vides, le nombre des requérants d'un toit, celui des bénéficiaires une première fois et celui de ceux qui en possèdent plusieurs. En fait, aucune statistique n'est fiable sinon l'Etat aurait résolu depuis des lustres le problème du logement en se référant juste au nombre des requérants et à celui des bénéficiaires.Faut-il rappeler, à titre d'exemple, la gestion du dossier des bidonvilles dans la capitale durant les années 2000 et le nombre des familles à reloger qui, au bout de quelques années, est passé du simple au double pour arriver en fin de compte au triple. En finalité, qu'importe pour le citoyen que l'Etat réalise un, deux ou trois millions de logements si lui n'arrive toujours pas à trouver son nom sur une liste de bénéficiaires. Une liste continuellement contestée après chaque affichage. Une contestation qui en dit long sur la raison de la non résorption de la crise du logement. H. Y.