Ils sont âgés entre 5 et 17 ans. Ils sont 15,5 millions dans le monde à être employés comme domestiques chez des particuliers. Cela représente, selon les statistiques du Bureau international du travail, 5% des «enfants économiquement actifs dans cette tranche d'âge». Près de la moitié de ces bambins, soit 7,4 millions sont âgés de 5 à 14 ans. Avec cette précision des experts du BIT, selon laquelle le nombre de filles dépasse de très loin celui des garçons. Les régions du monde les plus touchées par ce phénomène de travail domestique des enfants sont l'Asie, l'Afrique et l'Amérique latine. Un phénomène dissimulé, car «difficile à affronter», selon un expert du Bureau international du travail, en raison des modèles sociaux et culturels. Mieux, l'on explique le travail domestique des enfants, notamment des petites filles par le fait que celles-ci devront assumer plus tard des responsabilités de femmes au foyer. Dès lors leur placement chez des particuliers équivaudrait à une sorte de formation. Un apprentissage en somme. Les causes de ce phénomène sont attribuées, d'après le BIT, à la «pauvreté, l'exclusion sociale, le manque d'instruction, la discrimination fondée essentiellement sur le genre ou l'ethnie, la violence subie par les enfants dans leur propre foyer, l'exode rural ou encore la perte des parents». C'est la première catégorie. Quant à la deuxième catégorie des causes, elle réside, toujours selon le BIT, dans le «creusement des inégalités sociales et économiques, la servitude pour dette et l'illusion selon laquelle le service domestique donnerait aux enfants une chance de s'instruire (…)». Au-delà des causes amenant les parents à placer leurs enfants dans des maisons de particuliers, le Bureau international du travail attire l'attention de l'ensemble des Etats parties sur la dangerosité du travail domestique des enfants. «Le BIT a identifié plusieurs dangers auxquels les travailleurs domestiques sont particulièrement exposés et la raison pour laquelle il (le travail domestique) peut être considéré comme l'une des pires formes de travail des enfants», indique un expert de cet organisation onusienne. Parmi ces dangers, les experts citent les longues et dures journées de travail, l'usage des produits chimiques et toxiques, le transport de lourdes charges, le maniement d'ustensiles dangereux comme des couteaux, des hachoirs. Car ces petits domestiques sont souvent affectés dans les cuisines des maîtres, tant ils sont corvéables à merci. Ces enfants sont également victimes, chez leurs «employeurs» de malnutrition, de traitements «humiliants et dégradants, de violences verbales et physiques ainsi que des abus sexuels».Ce qui équivaut au crime de privation des droits fondamentaux des enfants consacrés par la convention internationale sur les droits des enfants, ratifiée par plusieurs pays, mais dont certains ne respectent pas la moindre disposition. C'est la raison pour laquelle le BIT tire la sonnette d'alarme et appelle à l'application de la convention n°189 relative au travail décent pour les travailleuses et travailleurs domestiques. En fait, une convention qui ne concerne que les adultes dans ce cas précis. Mais le BIT ne recommande à aucun moment l'interdiction pure et simple du travail domestique des enfants en s'appuyant de textes coercitifs. En attendant, des millions de gosses sont exploités par des nababs et des diplomates sans qu'ils aient pour autant le droit de se plaindre au risque de s'attirer les foudres de leur famille qui comptent sur eux pour subvenir à leurs besoins ou encore pour payer les dettes qu'ils ont contractées auprès «d'employeurs esclavagistes». F. A