Comme chaque période estivale, renforcée cette année encore par le mois de Ramadhan, les bilans macabres des accidents de la route atteignent des pics alarmants. Depuis l'avènement du mois d'août, le constat est d'autant plus critique. Ni le nouveau code de la route avec ses lourdes amendes et ses retraits de permis dont la durée a été rallongée, ni la présence nombreuse des services d'ordre sur les routes n'arrivent à mettre un terme à ce terrorisme routier. Devant cette situation dramatique, les officiels algériens redoublent d'annonces et déclarations plus ou moins éclairées pour en finir avec ce phénomène meurtrier. La dernière en date émane du premier responsable du secteur, le ministre des Transports, Amar Tou, qui annonce la finalisation du document du permis de conduire à points et sa prochaine présentation devant le gouvernement. «Le document (du permis à points) a été finalisé avec les ministères de l'Intérieur et de la Justice en collaboration avec la Sûreté nationale et la Gendarmerie nationale. Il se trouve actuellement au niveau du secrétariat général du gouvernement et sera prochainement présenté au gouvernement», a-t-il expliqué lors d'une émission de la télévision. C'est donc une nouvelle approche, après le relèvement significatif des valeurs des contraventions et de la durée du retrait de permis en cas d'infraction. Mais c'est quoi le principe d'un permis de conduire à points ? La grande idée de ce document, adoptée par de nombreux pays essentiellement européens, consiste en l'attribution, à l'obtention de ce droit administratif de circuler, d'un capital de points de départ (12 en France et en Australie, 20 en Italie). A chaque contravention l'automobiliste se verra soustraire des points, selon la gravité du délit routier, jusqu'à épuisement du stock qui sera sanctionné par l'annulation pure et simple du permis. Le concept assimilé, il reste à comprendre comment ce système pourrait résoudre l'épineux problème du terrorisme routier en Algérie. Sachant que d'ores et déjà, sans attendre les points, le retrait de permis pour des durées très longues - 2, 3, 4 mois, voire plus - est prononcé pour la moindre infraction. Après l'entrée en vigueur du nouveau code de la route, dès le 1er février 2010, l'application stricte et agressive des lois s'est soldée par des pics qui avoisinaient les 1 500 retraits de permis par jour. C'en était devenu un cauchemar pour les conducteurs. Mais l'hécatombe continuait. Autre interrogation, le permis de conduire à points nécessite une certaine connexion entre les différents services de l'administration, de la gendarmerie et de la police nationales, et entre les différentes régions du pays, sans quoi tout calcul serait inutile. Si chaque organisme effectue son retrait de son côté, il est fort à parier que le stock des points ne s'épuisera jamais. Et, le fichier national des permis de conduire et des cartes grises est-il enfin mis en place ? Ces questions restent en suspens. Une mesure par contre annoncée par le même Amar Tou pourrait être plus qu'efficiente, car il s'agit de la formation et de la sensibilisation. Huit centres d'examens pour l'obtention du permis de conduire ont été mis en place et une quarantaine d'autres sont en phase de réalisation. Il s'agit d'infrastructures munies de toutes les commodités pour les examens pratiques afin d'améliorer la qualité des formations théorique et pratique. Une nécessité qui doit s'accompagner par un nouveau cahier des charges pour les auto-écoles et une sensibilisation à tous les niveaux de la société. S. A.