Photo : M. Hacène De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Quand il y a un problème entre deux parties, la solution sera toujours trouvée sur le dos de la population. Cela vient d'être confirmé par les transporteurs de la wilaya de Tizi Ouzou qui ont mis fin à leur mouvement de grève, jeudi dernier, après un accord conclu avec les pouvoirs publics. En effet, de nombreux transporteurs ont tout simplement décidé de procéder à des hausses de prix allant jusqu'à 50%, notamment ceux desservant la ligne Tizi Ouzou-Alger dont le prix du billet est passé de 120 à 180 DA. Une augmentation qui ne répond à aucune norme économique, si ce n'est la cupidité des uns et le caractère de dindon de la farce des autres. Et les dindons de la farce dans cette histoire, ce sont bien sûr les usagers des transports, puisque après près de deux mois de grève et de calvaire ponctués par des billets allant jusqu'à 1 200 DA imposés par certains chauffeurs de taxi et autres fraudeurs sans scrupule, voilà que le voyageur est mis à rude épreuve à la faveur de l'accord conclu entre les transporteurs et les autorités de wilaya qui osent parler, toute honte bue, d'une issue de crise «examinant toutes les propositions susceptibles de garantir un bon fonctionnement et une meilleure prestation pour l'usager». Et le communiqué des services de la wilaya annonçant la fin du conflit ne souffle mot sur la hausse des prix prévue par les transporteurs des lignes inter-wilayas et intercommunales.A croire que les autorités ont convaincu les transporteurs de mettre fin à leur mouvement de grève en contrepartie d'une autorisation tacite pour les transporteurs de procéder à cette augmentation des prix des plus scandaleuses. C'est ce que pensent, en tout cas, de nombreux citoyens qui ont été choqués par cette décision qu'ils considèrent comme «une seconde pénalité, après une première induite par la grève de ces mêmes transporteurs». Et c'est tout naturellement qu'ils attendent des pouvoirs publics qu'ils se mettent du côté de leurs administrés afin de les protéger contre l'avidité de ces opérateurs qui ont montré leur résolution à dépouiller les pauvres citoyens, particulièrement ceux qui font la navette quotidienne vers leur lieu de travail dans la capitale.Finalement, après 48 jours de grève illimitée menée par les transporteurs de bus de la wilaya de Tizi Ouzou pour dénoncer la décision des pouvoirs publics de les délocaliser vers la nouvelle gare multimodale de Bouhinoun, les transporteurs ont décidé de «céder» à la pression des services de la wilaya, mais, semble-t-il, il n'était pas question de reprendre leur activité sans prendre en considération toutes les pertes occasionnées par près de cinquante jours d'inactivité. Ils ont décidé de faire leur loi. Ils ont trouvé cette idée d'augmenter les prix de leur prestation. Une hausse qui varie d'une destination à une autre. Si pour aller à Alger il faudra débourser 180 DA au lieu de 120 de l'ancien tarif, Béjaïa demandera 50 DA de plus que les 150 DA habituels. Si certains transporteurs n'ont pas encore procédé à l'augmentation de leurs tarifs, comme ceux desservant Rouiba et Tizi Rached, attendant l'officialisation de la hausse par l'intermédiaire de leur organisation syndicale, d'autres n'ont pas hésité un instant à le faire - et les voyageurs à destination de et en provenance de Draâ El Mizan et Boghni l'ont vérifié à leur détriment en payant 20 DA supplémentaires, en lieu et place des 50 DA déboursés habituellement.L'absence et le laxisme de l'Etat ont souvent été décriés par la population qui a été abandonnée pendant des années au profit de toutes sortes de mafias. Depuis quelques semaines, l'espoir semble revenu parmi les citoyens qui ont bien accueilli l'action des pouvoirs publics, libérant les trottoirs de la ville de son commerce informel et ses trabendistes. Ils se demandent aujourd'hui si les pouvoirs publics vont penser intervenir pour les protéger contre la cupidité des transporteurs.