Photo : M. Hacène De notre correspondant à Tizi-Ouzou Lakhdar Siad Même si pour les transporteurs il est légitime de revendiquer leurs droits, vu les conditions insupportables constatées dans ces déserts infrastructurels, il faudra noter que les usagers sont les victimes dont on se soucie peu, de ce bras de fer qui continue entre la Direction des transports et les prestataires de services d'un secteur aussi sensible et surtout en cette période des congés annuels. Les bus sur Alger sont toujours en grève et refusent d'élire domicile à la gare de Bouhinoune, initialement prévue pour le transport ferroviaire et sont toujours aussi décidés à maintenir leur mouvement de débrayage qui ressemble beaucoup plus à une grève illimitée, comme l'atteste leur action de blocage de la RN 12 de dimanche dernier. Ceci sans parler des retombées sur la modeste bourse des voyageurs avec des dessertes et des tarifs en augmentation qu'il faudra régler cash et des problèmes liés au temps de rodage. Après la grève de deux jours des transporteurs publics de voyageurs de plusieurs localités du nord de la wilaya de Tizi-Ouzou, pour contester la délocalisation controversée organisée au milieu du mois dernier, pour n'arriver qu'à reporter au 1er juillet dernier l'entrée en vigueur de la décision de leur tutelle administrative, c'est au tour des propriétaires des bus de mener la protesta en durcissant, de jour en jour, leur mouvement. Depuis, le secteur des transports à Tizi-Ouzou vit une pression terrible. Seuls les fraudeurs ont trouvé leur compte en doublant, voire en triplant les tarifs sur la ligne Tizi-Ouzou/Alger, au grand dam des usagers qui sont pris en sandwich entre l'administration et les services de la Direction des transports de la wilaya de Tizi-Ouzou. La délocalisation de trois stations importantes du nord de Tizi-Ouzou, à savoir la Kabylie maritime, Azazga, Fréha, Aït Douala et Iwadhiyen, vers respectivement Oued-Aïssi, l'Habitat et le «Pont de Bougie», est à l'origine de la grogne des transporteurs qui dénoncent les conditions de sécurité, le manque de commodités et les révisions dans la tarifications et le temps à passer au quai. Des dizaines de transporteurs avaient assiégé le siège de la wilaya avec leurs fourgons, exigeant l'annulation de la délocalisation. Une délégation reçue par le secrétaire général de la wilaya n'a réussi à obtenir que le maintien des anciennes stations jusqu'au 1er juillet dernier, le temps de permettre aux deux parties de trouver une solution définitive au problème qui pénalise surtout les usagers. Mais rien n'a marché dans le sens voulu par les transporteurs qui ont cédé par la suite sans changer grand-chose à leur situation et à celle des voyageurs. La majorité des transporteurs trouvent que la gare de Bouhinoune n'est pas assez équipée pour contenir tous les bus que compte la wilaya de Tizi-Ouzou et qu'elle a été construite initialement pour les besoins de la ligne ferroviaire Oued Aïssi/Tizi-Ouzou/Thénia (wilaya de Boumerdès). Certains parmi les transporteurs demandent la construction d'une gare interwilayas. Des problèmes d'accès à la gare sont signalés et les conditions de sécurité routières sont dénoncées. Les voyageurs, de leur côté, sont mécontents et soutiennent indirectement leurs transporteurs. La semaine dernière, plusieurs voyageurs, arrivés tôt dans la matinée à la station de l'Habitat, n'ont pas trouvé de dessertes vers la ville, selon les déclarations de «victimes» rencontrées sur place. Et pour manifester leur colère, une dizaine d'entre eux ont «interdit» aux bus de quitter leur quai jusqu'à l'arrivée du directeur des transports de la wilaya ou du wali. Cette situation a duré jusqu'au début de l'après-midi et la plupart des voyageurs avaient préféré faire le chemin à pied sur environ 2 kilomètres sous un soleil de plomb. La situation demeure la même au niveau de toutes les gares et les propriétaires des bus promettent d'autres journées de protestation jusqu'à satisfaction de leurs revendications.