C'est dans le cadre de ses soirées ramadanesques que le théâtre national algérien Mehieddine-Bechtarzi a convié, dimanche dernier, sur ses planches le comédien et metteur en scène Mohamed Yabdri pour dévoiler au grand public sa dernière production un monologue intitulé le Projet. Natif d'Oran, Yabdri a fait beaucoup parler de lui, ces dernières années, grâce à son talent et à son engagement pour un théâtre anticonformiste où il n'y a pas de place pour les tabous et les non dits.C'est face à un public retreint et averti que le comédien fait son entrée sur scène, après une demi heure de retard, heureusement que le sonoriste a pensé à diffuser du bon jazz oriental pour faire patienter l'assistance. C'est en forme que Mohamed Ybadri entame son monologue. Le projet est l'histoire d'un citoyen algérien ordinaire, il s'agit d'Abdelkader, un homme qui tente de vivre avec dignité, malgré sa pauvreté, avec la crainte des regards extérieurs de la société. Marié à une mocheté qu'il s'est infligé après avoir causé la mort du père de sa dulcinée, Abdelkader est père d'une jeune fille promise à un émigré, mais le projet de mariage tombe vite à l'eau, cet échec fera d'elle une dépressive. S'ajoute à cela son fils, Benkabou. De situations en situations, le comédien fera vivre au public l'incroyable projet d'Abdelkader qui veut faire de son fils un footballeur professionnel. Le monologue est riche en humour, en situations burlesques mais aussi ponctué de messages. Le comédien effectuera également plusieurs parodies, entre autres des adeptes de la musique bédouine et même de stars internationales. Loin de se contenter de son texte, Mohamed Yabdri profitera de quelques situations pour improviser et faire rire le public de quelques clichés quotidiens comme la drague chez les algériens. Très à l'aise sur scène, Yabdri ira même jusqu'à s'adresser directement au public, créant ainsi une véritable complicité. Exploitant l'espace scénographique à fond, le comédien épatera par son remarquable jeu et la maitrise de ses multiples personnages. Rappelons que ce spectacle lui a valu le prix de la meilleure interprétation masculine au festival d'ACTHEA 2008 à Toulouse. Il a également été joué plus de cent fois en Algérie et à l'étranger. La compagnie «Daraja théâtre», productrice de ce spectacle, a été fondée par Mohamed Yabdri et Taos Claire Khazem et se définit comme compagnie de théâtre «aventurier en solo joué en trois langues : français, anglais et arabe», rapporte la présentation de la compagnie sur son site officiel. Une diversité qui aspire avant tout à faire connaître la richesse linguistique de l'Afrique du nord et à encourager les jeunes de l'autre rive de la méditerranée à s'impliquer dans le 4ème art. D'ailleurs la compagnie organise également des stages de formations en contes, langage des gestes, confection de masques et one man show. W. S.