Les forces de sécurité syriennes sillonnaient mardi la ville côtière de Lattaquié et tiraient avec des mitrailleuses lourdes, au lendemain d'opérations ayant fait 18 morts dans le pays et en dépit des pressions internationales croissantes contre le régime de Bachar al-Assad. «La tension en Syrie va en grandissant dans toutes les régions», a résumé un militant des droits de l'Homme, mettant en garde contre une guerre civile. Dès l'aube de la journée d'hier, des tirs ont retenti à Lattaquié, dans le nord-ouest, premier port de Syrie et cible, depuis dimanche, d'une vaste offensive militaire et des forces de sécurité. «Des tirs de mitrailleuses lourdes et de balles étaient entendus dans des quartiers de Lattaquié, à Raml al-Jounoubi, Masbah al-Chaab, et Aïn Tamra durant plus de trois heures entre 02H00 GMT et 05H30 GMT», a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) dans un communiqué. L'agence de presse Sana, relayant la parole officielle, a accusé des groupes armés de semer le désordre. «Les forces de l'ordre pourchassent en ce moment les hommes armés dans le quartier d'al-Raml al Jounoubi et les quartiers voisins, afin d'y ramener le calme et la sécurité». Selon Sana, qui cite un responsable syrien, «les groupes armés ont ouvert le feu sur les habitants et les ont terrifiés». Lundi, six civils sont morts dans cette ville côtière au cours d'une offensive qui a vu dimanche l'intervention de navires de guerre, pour la première fois depuis le début de la révolte mi-mars, a indiqué l'OSDH. Dimanche, 26 personnes y avaient été tuées. Selon l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), plus de la moitié des 10 000 réfugiés palestiniens du camp de Raml à Lattaquié, ont dû fuir après les tirs des forces de sécurité syriennes. L'UNRWA a réclamé un accès immédiat au camp. Le quotidien syrien al-Watan (proche du pouvoir), affirmait, hier, qu'à Lattaquié «la situation est sous contrôle, particulièrement après que l'armée a arrêté des dizaines d'hommes armés lors d'une opération compliquée». Le quotidien ajoute que «les hommes armés avaient érigé des barricades en ciment et posé des mines pour empêcher les troupes d'avancer». «Ces hommes armés ont fait fuir les habitants de ces quartiers», expliquait le journal. Le président Assad a, à plusieurs reprises, qualifié les manifestants de hors-la-loi ou de groupes terroristes. A Homs dans le centre du pays, les forces de sécurité ont ouvert le feu hier matin dans les quartiers de Bab-Sibaa et Bayada et «elles procèdent à des perquisitions dans les maisons à Bayada», a affirmé un militant sur place. «Le bilan des morts hier dans la région de Homs, s'est élevé à douze» civils, a-t-il affirmé. Les forces armées syriennes sont présentes dans de nombreuses villes de Syrie -Hama, Deir Ezzor , et plusieurs localités dans le gouvernorat d'Idleb, proche de la frontière turque- pour tenter d'étouffer la contestation. La répression a fait, selon les militants des droits de l'Homme, 1 800 tués parmi les civils depuis le 15 mars. La communauté internationale a haussé encore le ton, appelant Damas à cesser immédiatement les opérations militaires visant la population civile. Les Etats-Unis soulignent que le président syrien Bachar al-Assad a perdu sa légitimité et que son peuple «se porterait mieux sans lui». Plusieurs pays de la région, en particulier la Turquie, l'Arabie Saoudite et la Jordanie, ont dénoncé la poursuite de la répression en Syrie. Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a vivement dénoncé la poursuite de la répression en Syrie, appelant le président syrien Bachar al-Assad à «mettre fin immédiatement aux opérations» militaires. R. I.