En remportant mercredi dernier la Supercoupe d'Espagne contre le Real Madrid (3-2 ; 2-2), l'entraîneur du FC Barcelone Pep Guardiola a rejoint son maître à penser, l'ancien coach néerlandais des Blaugrana Johan Cruyff, au rang de technicien le plus titré du Barça, avec 11 trophées chacun. La statistique est éloquente tant la filiation qui existe entre les deux hommes est claire : Guardiola, c'est la continuation de la méthode Cruyff, dont on pensait qu'il avait porté le «football total», inventé par son compatriote Rinus Michels, à son degré le plus pur.Cruyff, ancien joueur de légende du Barça, avait imposé un football basé sur le mouvement perpétuel et la circulation du ballon, philosophie qui avait fait les belles heures de la «Dream Team» catalane entraînée par le Néerlandais entre 1988 et 1996. Mercredi, lors du match retour de la Supercoupe d'Espagne, on a encore pu constater à quel point le jeu développé par Messi et ses partenaires se situe dans le droit fil de l'œuvre de Cruyff : des passes répétées, un ballon constamment en mouvement et de brutales accélérations du jeu comme sur le premier but des Blaugrana signé Iniesta, magnifiquement lancé en profondeur par Messi (14). S'il a rejoint son maître à penser au nombre de titres engrangés, on peut même considérer que Guardiola fait mieux que son mentor, dans la mesure où sa moisson de titres s'est faite en seulement trois saisons, contre huit pour Cruyff. Mais Guardiola, qui a lui-même joué sous les ordres du Néerlandais, invite sans cesse à minimiser ses mérites vis-à-vis de ceux de son maître à jouer. S'il est vrai qu'il faut laisser à Cruyff la paternité du concept de jeu développé en ce moment par le Barça, il faut en revanche attribuer à Guardiola le mérite d'avoir porté ces principes à leur quintessence. A Guardiola et à une génération de joueurs que lui-même n'a pas hésité à qualifier mercredi d'«éternels et mythiques». Même s'il est toujours délicat d'élever des statues à des joueurs encore en activité, il faut en effet souligner le caractère exceptionnel de la triplette magique du Barça Xavi-Iniesta-Messi, que l'on n'avait pas retrouvés par hasard aux trois premières places de l'élection du Ballon d'Or 2010. Dans ce trio, Messi possède évidemment un statut à part : l'Argentin est un surdoué dans une équipe déjà brillante, la valeur ajoutée de ce football total pratiqué par l'équipe de Guardiola. Auteur d'une passe décisive et de deux buts mercredi, après avoir déjà frappé une fois à l'aller lundi, l'attaquant catalan n'a même pas encore commencé le championnat qu'il est déjà stratosphérique.