Photo : M. Hacène Par Lyes Menacer Il était preste et vif à l'hommage qui lui a été rendu dimanche soir à la Kheima de solidarité du quotidien La Tribune, comme il l'était durant ses glorieuses années lorsqu'il surveillait jalousement les filets des équipes de football (locales, et nationales) pendant presque une trentaine d'années. Ouchen Said, puisque c'est de lui qu'il s'agit, était doublement content dimanche soir dernier. Premièrement, le fait que tous ses efforts soient symboliquement récompensés et qu'il soit applaudi pour l'ensemble de sa carrière footballistique par une génération de jeunes qui n'avaient pas eu la chance de le voir jouer. Deuxièmement, parce que l'hommage auquel il avait eu droit de la part du journal lui a permis de retrouver ses anciens compagnons de la bataille sportive, de se rappeler les souvenirs de cette belle époque, quand le football était d'abord un moyen pour renforcer les relations humaines et pour défendre les couleurs du drapeau national.Ouchen Said, ce gardien de but de l'équipe nationale entre 1964 et 1972, également sélectionné de l'équipe nationale de la police (1968-1970), sous l'encadrement de l'ancien divisionnaire et entraîneur Issad Omar, était le seul footballeur algérien à faire partie de la sélection africaine qui a joué à Mexico en 1973. Tout en évoluant au sein des deux équipes nationales algériennes, Ouchen Said continuait à jouer pour le compte du NAHD (Hussein Dey). Il avait entamé sa carrière à l'Olympique Hussein Dey, en 1956, où il a joué une saison avant de rejoindre le club de Saint-Eugène la saison d'après (1957-1958). De 1958 jusqu'en 1962, Ouchen Said a observé une période de trêve à cause de l'arrêt des compétitions suite à la dégradation de la situation à Alger pendant la guerre d'Algérie. A l'indépendance, il revient à Hussein Dey pour poursuivre une brillante carrière de gardien de but jusqu'en 1979. Mais Ouchen Said est trop amoureux du foot pour cesser facilement de fouler la pelouse des stades même s'il avoue que depuis un an il n'assiste plus aux matchs du championnat national en raison du comportement violent des supporters dans les tribunes (bagarres, insultes, etc.). Joueur discipliné et jaloux de son pays, Said s'est lancé, depuis 1979, dans la carrière d'entraineur, d'abord au sein de son club le NAHD puis en sélection nationale. Ainsi, il fera partie du staff technique de l'équipe nationale d'Algérie sous la coupe Kamel Lemoui puis avec Rabah Madjer. Ouchen Said est aussi le symbole de l'éthique en sport. «Quand j'entraînais les gardiens de l'équipe, je m'interdisais le cumul de fonctions même si j'avais beaucoup de temps à consacrer aussi à l'entraînement des gardiens du NAHD», a-t-il répondu. Son sérieux l'a mené à prendre en charge l'encadrement des gardiennes de but de la sélection nationale féminine algérienne début 2005 mais, depuis deux ans, Ouchen Said est au chômage alors qu'il peut toujours donner le meilleur de lui-même et continuer à former de nouveaux gardiens, faire profiter au maximum notre football de son expérience, qui a besoin des personnes comme lui pour évoluer et sortir de la crise. Présent à tous les hommages rendus aux anciennes gloires du football national, Youb Noureddine (président de la commission nationale des compétitions, membre du bureau fédéral à la Fédération algérienne de football et cadre supérieur de la Jeunesse et des sports aujourd'hui à la retraite), a insisté pour apporter son témoignage sur Ouchen Said, qu'il considère comme un des meilleurs gardiens des années soixante. Youb Nourreddine, qui s'est investi dans la kheima de La Tribune, est une vraie bibliothèque vivante de notre football national et sa présence constitue un véritable aide-mémoire pour les joueurs honorés dont Ouchen Said lui-même, qui lui faisait de temps à autre appel pour se rappeler de tel ou tel nom d'un ancien joueur. Durant toute la soirée du dimanche, Ouchen Said a renoué avec l'ambiance du foot, sous la kheima de La Tribune, grâce à la présence de nombreux anciens joueurs qui d'anecdote en anecdote, se sont rappelés les meilleurs moments du sport roi. «Je me souviendrai toujours de cette soirée mémorielle», a conclu Ouchen Said qui a tenu à remercier le quotidien La Tribune pour cette «louable initiative» qui, il l'espère, fera penser aux responsables actuels du secteur à mener une sérieuse politique de promotion du sport au profit des jeunes génération avec notamment la construction davantage de stade et d'aires de jeu pour le jeunes sportifs. Pour le reste, Ouchen Said se dit prêt à reprendre le chemin du stade pour former les jeunes gardiens comme il l'a toujours fait au NAHD et au sein des sélections nationales.