Photo : Sahel Par Fodhil Belloul Comme s'installent les bonnes habitudes, c'est-à-dire vite et sans que l'on s'en rendre compte, les invités de la kheïma de solidarité de la Tribune se sont installés vers 23h pour profiter de leur troisième soirée chez nous. Après les sons épurés du mandole, et les rythmes ataviques de la zorna, l'animation était, dimanche dernier, un brin plus moderne. Et même si les étoffes capuchonnées de l'orchestre d'Emir Nacer avaient une allure des plus authentiques, il suffisait de jeter un coup d'œil aux instruments pour comprendre que les sonorités seraient autres ce soir. Aux côtés du Oud et du Kamendja, il y avait un drôle d'instrument à corde : une sorte de Oud ou de mandole électrique avec, en plus, un synthétiseur. L'heure était donc à une musique plus Aârassi, autrement dit plus festive. Emir Nacer nous a gratifiés, pour cette première partie de la soirée, d'une prestation lyrique et enjouée. le répertoire du chanteur était des plus vastes. Passant des Mouachahâtes andalouses avec «ya kelbi kheli el hal», aux sonorités tunisiennes avec la célèbre «ya djari ya hammouda». L'assistance, assez timide au début a fini par céder aux appels du chanteur. Et les mains n'ont pas tardé à battre à l'unisson et à accompagner les premières danses.Il n'est pas inutile de le redire, cette ambiance festive aurait moins de sens et de saveur, si n'étaient pas présents les sportifs qui nous ont fait vibrer. Pour ce dimanche soir, ce fut pour beaucoup un rêve de gamin qui s'est réalisé. D'ailleurs, beaucoup d'yeux ont brillé ce soir-là. Et pour cause, celui qui fut notre invité d'honneur symbolise une époque de légende, celle du CRB. Petit rappel s'il en est besoin : Le stade du 20-Août garde encore l'écho de ces grands noms du football national : Lalmas, Selmi, Achour et tant d'autres. Il y avait aussi à côté de ceux-là celui que l'on surnommait «Le chat-tigre noir», combinaison toujours sombre, aussi félin qu'une panthère pour garder la cage aux buts, et qui retombait toujours sur ses pieds. Il était parmi nous ce soir-là. On l'aura deviné, celui qui était au centre de l'attention, assis à l'intérieur de la kheïma, n'est autre que Mohammed Nassou. Petit rappel encore, comme des souvenirs vifs et prenants pour ceux qui l'on connu : sa meilleure saison, 1966, l'équipe de Belouizdad remporte le doublé coupe-championnat, et surtout, l'arrêt d'anthologie contre Amirouche face au RCK, en finale de coupe justement. Le CRB avait gagné ce fameux jour par 3 buts à 1. Et nul doute que les invités avaient ces moments en tête, dimanche dernier. Revenir plus longuement sur la carrière de Mohammed Nassou nécessiterait bien plus qu'un article de journal. Allons dans ce cas à l'essentiel, et disons, que ce natif d'Ain Bénian en 1937, a connu le MCA à ses début pour finir après la glorieuse équipe du CRB à la JSK, passant par les clubs tels que Gallia et l'Olympique de Marengo, et surtout en sélection nationale. Disons surtout que Mohammed Nassou subit une injustice des plus intolérables. Celle du manque de reconnaissance des autorités à son égard. Celui qui un jour a dit : «Avant d'apprendre jouer au foot, apprenez à être des hommes», comme une réplique cinglante à l'état du football actuel. Bien qu'ayant été victime d'un accident cardiovasculaire il y a quelques années, il a courageusemment, (comme l'homme, au sens le plus noble, qu'il est avant d'être un footballeur), réappris à se déplacer par la force de sa volonté. Ammi Mohammed, comme on aime à l'appeler, était évidement très ému. Et si on lui pose la question de ce qui l'a le plus marqué, on verra se dessiner un sourire narquois sur son visage «Tout cela n'aurait pas existé sans les supporter». Manière humble et sincère d'exprimer sa joie d'être honoré. La soirée s'est poursuivie ensuite avec l'entrée en scène de Yacine Bouzama. Le chaâbi venait clore cette deuxième partie de soirée. Et il fut aussi moderne que le premier récital. Yacine Bouzama n'a pas manqué d'exprimer sa joie d'être présent au côté de notre invité d'honneur. Sa prestation fut donc aussi enjouée que ses sentiments. Et le Nesraf en mode Sihli par lequel il débuta était une véritable invitation à la détente. Surtout qu'un des instruments les plus féeriques de la musique chaâbi, le kanoûn accompagnait la prestation. Ce fut ensuite un hommage en chanson au patrimoine musical algérien, passant de Mostaganem de Ben Msayeb, à Tlemcen d'Abdelkarim Dali, aux grands noms de la chanson constantinoise. La Kheïma de solidarité de la Tribune promet bien d'autres moments, avec notamment pour ce soir, le chanteur de musique kabyle Galiz Nacer pour l'animation. Quant à l'hommage, il sera en direction de la Kabylie, avec la présence de l'ancien joueur de la JSK, El Kolli.