Photo : M. Hacène Par Hassan Gherab «Elle passe quand la troupe El Ferda ?» «Je crois que c'est jeudi prochain, attendez je vais confirmer». «Ne vous dérangez pas. En fait, c'est juste pour savoir, car, de toute façon, moi, je suis là tous les soirs avec les enfants depuis le début.»Ce petit échange avec une dame qui nous a abordé à la fin d'une soirée à la kheïma de solidarité du quotidien la Tribune, nous aurions pu l'avoir avec une bonne cinquantaine de spectateurs dont les visages, au fil des soirées, nous sont devenus familiers. On compte parmi ces habitués aussi bien des adolescents cherchant à se faire photographier avec quelques-uns de ces anciens footballeurs honorés à la kheïma ou des artistes, que des familles et des groupes de jeunes qui, souvent, s'installent à l'écart de la masse du public, dans les chaises des derniers rangs. Il y a aussi tous ces enfants qui courent partout, dansent et jouent. Certains sont en compagnie de leurs parents, d'autres, habitant le quartier, et bénéficiant d'une certaine autonomie, viennent tous seuls passer leurs soirées dans cette kheïma «où personne ne nous embête ni ne nous remballe. Les agents de sécurité sont gentils. On vient pour passer le temps. C'est mieux d'être là que d'aller courir dans la rue, se bagarrer…», diront en chœur une demi douzaine de gosses. Plus loin, un petit garçon, nous voyant distribuer des bouteilles d'eau minérale fraîche aux spectateurs, nous demande si on peut lui donner à boire. Le regard étonné qu'il a quand on lui donne la bouteille, en lui demandant toutefois de servir aussi ses copains, nous montre qu'il s'attendait plus à être rabroué que servi comme un grand. Mais il n'y a pas que le public occupant les chaises. De nombreux jeunes préfèrent rester sur la rampe d'accès au parking d'où ils dominent la scène qui s'y dresse, à côté de la kheïma. Quelques-uns ont même eu la bonne idée de squatter les bancs de la station du tramway passant à côté et qui est ainsi utilisé avant l'heure. Et c'est bien là l'essentiel pour la kheïma de solidarité de la Tribune qu'on a voulu planter d'abord dans le quartier. C'est précisément ce contact direct, humain, que visait l'opération, dont la portée et l'impact recherché sont d'abord et avant tout sociaux. Les artistes et les sponsors qui se sont impliqués l'ont d'ailleurs bien compris. Les premiers ont animé la scène à titre gracieux tandis que les seconds ont apporté leurs pierres à l'édifice sous forme de cadeaux et participations. Il y a même eu des responsables et des opérateurs privés qui, n'ayant pu participer directement, ont toutefois décidé de contribuer avec des enveloppes. Ce sont tous ces gestes en direction des enfants qu'il faut retenir, au-delà de toute autre considération, calcul et appréciation.