Photo : Sahel Par Amel Bouakba La kheïma de la solidarité, qu'a initiée la Tribune depuis le début du mois sacré, continue de faire l'évènement, devenant, au fil des veillées ramadhanesques, de plus en plus attachantes. Lundi soir, le public a eu droit à une soirée mémorable. La présence de stars du monde du sport, telles que Rabah Madjer, Rabah Saâdane et Aziz Derouaz a donné à cette soirée un cachet tout simplement éblouissant. Et comme pour faire durer le plaisir, deux interprètes de chaâbi de talent, qui ont enchanté le public avec un riche répertoire, dans une ambiance superbement festive. Le public a (re)découvert Sid-Ahmed Bouadou et Mohamed Ladoui, des amateurs de chaâbi, qui bien que peu connus du grand public, ont séduit par leurs voix suaves et chaleureuses en reprenant avec brio des kacidate, dont on ne se lasse jamais d'écouter, une manière de revisiter le patrimoine chaâbi, un trésor inépuisable qui mériterait certainement plus d'attention. Qui n'aime pas le chaâbi et ses maîtres incontestés et incontestables qui ont bercé des générations entières ? Il y a des passions qui vous prennent et ne vous quittent plus. Sid-Ahmed Bouaddou en sait quelque chose. Cela fait quarante ans qu'il s'adonne à sa passion du châabi. Il joue de la guitare depuis qu'il était tout enfant. Lundi soir, cet artiste a interprété des chansons du patrimoine, un patrimoine qui lui tient tellement à coeur et qu'il veut à tout prix préserver. Les amoureux de ce style se sont régalés, ravis de replonger dans les kaâdates chaâbi. Et ils étaient nombreux à assister à la soirée. Ils sont venus de partout, notamment des quartiers environnants comme Hussein dey, Belouizdad, Kouba,Les Annassers mais aussi d'ailleurs. Sid-Ahmed Bouaddou interprétera admirablement un nesraf et enchaînera avec des kacidate, et un des titres phares du cheikh El Hachemi Guerouabi, «kifach hilti ya nassi». Les titres s'enchaînent et on sent l'émotion qui emplit les lieux. L'ambiance est à son comble. Dans une douce fusion avec le public, youyous et danses se succèdent. Le public s'en donne à coeur joie. Enchanté, notre artiste comblé dira : «C'est un plaisir de voir un public aussi attentif. il y a le feed back, que demander de plus.» Imprégnés depuis l'enfance de sa passion pour le chaâbi et ses grands maîtres, à l'image d'El Hachemi Guerouabi et Al Anka, Sid-Ahmed Bouadou ne cache pas son amour pour ce style musical qu'il a dans le sang : «Je chante occasionnellement par amour du châabi, je n'en fais pas mon métier, je n'ai jamais cherché la notoriété», avoue-t-il, ajoutant avec une pointe de regret : l'Algérie n'est malheureusement pas un pays d'artiste ; la preuve, il n'y a pas de statut, ni aucune reconnaissance de l'artiste. Ravi de voir que le chaâbi revient depuis quelques années, au-devant de la scène, grâce à certaines initiatives et notamment l'organisation de festivals de chaâbi, un peu partout à travers le pays. Il citera, également, l'initiative entreprise par le cercle USMA, qui organise des soirées chaâbi durant le Ramadhan. «L'artiste ne s'appartient pas, il appartient à son public. Et il est de notre devoir d'œuvrer pour la préservation du chaâbi et donner le meilleur de nous-mêmes. Les soirées organisées par la Tribune contribuent justement à perpétuer ce patrimoine», dit-il. «D'ailleurs, je n'ai pas hésité une seconde à répondre à l'invitation de ce quotidien, dont l'initiative est vraiment à féliciter.» «Je trouve que cette opération est vraiment formidable et allie beaucoup de choses à la fois, une opération de solidarité pour les enfants nécessiteux, des concerts bénévoles, un hommage aux anciennes gloires du sport qui ont tant donné mais qui ont été malheureusement oubliées... Honnêtement, on ne peut que saluer ce genre d'initiatives et espérer qu'elles se multiplient. En tout cas, en tant qu'artiste, je répondrais toujours présent à cet appel du cœur.»