Les aléas des changements climatiques et de la mondialisation renforcent plus que jamais le besoin de construction de la sécurité alimentaire nationale, a affirmé, lundi dernier à Alger, le directeur général de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), Fouad Chehat. «Les risques liés aux changements climatiques ainsi qu'à la globalisation rendent le besoin de construire une sécurité alimentaire nationale fondée sur l'augmentation continue de la production agricole locale plus que jamais nécessaire», a-t-il déclaré au forum du centre de presse Algeria-Invest.M. Chehat a indiqué, à ce titre, que la crise alimentaire mondiale de 2007-2008 a mis en évidence la vulnérabilité de l'Algérie en matière de couverture des besoins alimentaires de base par la production nationale. Cette crise, a-t-il ajouté, a mis également en évidence le poids financier «insupportable» des importations en temps de crise mondiale dont le coût est passé de 3 milliards de dollars en 2003 à plus de 8 milliards de dollars en 2008. Selon lui, pour la première fois depuis l'indépendance, la recherche de la souveraineté alimentaire est désormais considérée comme «un objectif stratégique pour la nation» d'où la définition d'une politique de renouveau agricole et rural. Il a souligné, à ce propos, que la nouvelle politique agricole et alimentaire est fondée sur l'intensification et la diversification des productions, le développement d'une capacité nationale de production d'intrants agricoles et sur la régulation des marchés agricoles et agroalimentaires locaux, y compris par des mécanismes de subvention afin d'«assurer pour tous un accès réel à une ration alimentaire suffisante et équilibrée». Le DG de l'INRA a rappelé dans le même sens que la politique de renouveau de l'économie agricole et de renouveau rural s'appuie sur trois volets complémentaires, à savoir, le renouveau de l'économie agricole, le renouveau rural et le programme de renforcement des capacités humaines et de l'appui technique aux producteurs. Pour l'accroissement de l'offre locale de produits agricoles, dix programmes spécifiques à cinq filières végétales (céréales, légumes secs, pomme de terre, olives, dattes), à deux filières animales (lait et viandes) et à trois filières horizontales (programmes relatifs aux semences, plants et géniteurs, à l'économie de l'eau et aux pôles agricoles intégrés) ont été mis en place. De nouveaux mécanismes ayant pour finalités de créer un environnement favorable à l'intensification de la production (crédit, assurances agricoles, subventions mieux ciblées), et de réguler le marché national pour protéger aussi bien le pouvoir d'achat des consommateurs que les capacités d'investissement des agriculteurs et des éleveurs, ont été également lancés, selon le conférencier.L'autre volet de cette politique a trait à la modernisation des technologies agricoles et la revitalisation du monde rural pour «garantir une croissance forte et durable de la production et un développement significatif des secteurs en amont et en aval de l'agriculture» a-t-il relevé. Ce choix permettra, a-t-il poursuivi, de rétablir le secteur agricole dans son statut de secteur moteur de la croissance économique globale, conséquence recherchée dans le cadre de l'objectif stratégique de sécurité alimentaire. Il a estimé que l'adoption de la loi d'orientation agricole en août 2008 a clarifié le cadre juridique de l'intervention des pouvoirs publics dans le secteur, à travers l'adoption de l'approche filière pour l'examen et la résolution de toutes les questions de développement agricole et l'initiation des contrats de performance qui précisent les engagements en matière d'objectifs de production de chaque wilaya.M. Chehat a mis l'accent, à ce titre, sur la rénovation des relations entre l'administration et l'ensemble des opérateurs du secteur. «Ces relations seront désormais fondées sur une concertation permanente et institutionnalisée», a-t-il souligné. Par ailleurs, pour répondre au besoin pressant de souveraineté alimentaire, l'agriculture nationale «devra réaliser un saut qualitatif important en matière de progrès technique et d'organisation», a-t-il soutenu. Ce progrès technique, a-t-il encore ajouté, «est fortement conditionné par le niveau des investissements consentis au profit de la recherche et développement et par les innovations qui peuvent en découler, spécialement pour la prise en charge des risques liés au changement climatique». Selon le responsable de l'INRA, le secteur agricole en Algérie enregistre ces dernières années une croissance de 8% contre 2% seulement à l'échelle mondiale, mais «le plus dur est de tenir la cadence». M. Chehat a insisté, en outre, sur la mise en cohérence du secteur agricole avec le secteur industriel, estimant qu'«il y a urgence de renforcer cette articulation agriculture-industrie en encourageant les liaisons entre les deux secteurs».