De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Dans la culture et les us locaux, natation rime toujours avec canicule. Piquer un plongeon dans l'eau est toujours perçu comme une échappatoire à la chaleur torride de l'été. Faute d'infrastructures adéquates, peu d'Algériens se rendent régulièrement à la piscine pour entretenir une bonne hygiène de vie ou prétendre à une carrière sportive. Afin de se rafraîchir durant la saison chaude, les gens se ruent sur la mer. Dans les villes côtières comme Béjaïa, la saison estivale draine habituellement d'interminables flux d'estivants et de baigneurs à la recherche d'une température plus clémente au bord de la mer. Passée la parenthèse estivale, les gens remettent leur tenue au placard et changent de hobby. Cette année, l'intermède vacancier a été de courte durée en raison du mois de Ramadhan. Dès le 1er août, date marquant le début du mois sacré, l'ambiance s'est nettement estompée sur les plages. Seules quelques colonies de vacances et des groupes de jeunes s'efforcent d'aller jusqu'au bout de leur séjour marin. Préférant sans doute la sieste et les longues veillées, même les populations locales vont très peu à la mer. On doit ajouter aussi que les chaleurs caniculaires ne sont pas pour encourager les jeûneurs à venir faire la «bronzette» sur des sables ardents. S'il y avait des piscines communales, les citoyens auraient sans doute trouvé le bon palliatif à cette contrainte. Faute d'infrastructures et de commodités, chacun se débrouille comme il peut pour se «réfrigérer» à domicile. Dans toute la wilaya de Béjaïa, qui compte 52 communes, on ne trouve qu'une seule piscine semi-olympique. Edifiée au milieu des années 1990 à l'intérieur du complexe sportif OPOW, ce bassin unique peine à répondre aux besoins des sportifs et des populations riveraines. Les deux clubs de natation que compte la ville – l'OCB et le NCB, en l'occurrence – et quelques associations de malades sont les principaux bénéficiaires de cet établissement. Dans toutes les autres villes de la wilaya, pas d'autres piscines. Ce déficit infrastructurel retarde assurément le développement de la natation en tant que discipline sportive et influe négativement sur la qualité et le niveau de vie des citoyens. Pour inculquer la technique aux jeunes athlètes ou pour initier un jeune enfant aux plaisirs de la natation, ce type d'équipement est en effet indispensable. Le moniteur a évidemment besoin de conditions de travail adéquates. Il n'est pas pratique de dispenser cet enseignement au bord de la mer et dans l'oued. Prenant visiblement conscience de ce déficit, les autorités viennent de projeter la réalisation d'une seconde piscine semi-olympique au complexe sportif de Souk El Thenine. Il faut aussi réfléchir à faire de même à Akbou, Kherrata, El Kseur ou Tazmalt. Pour couvrir convenablement les besoins d'une population qui dépasse légèrement le million, il faut au moins une dizaine de piscines répondant aux normes sportives. Avis aux responsables !