Photo : Hacène Par Samir Azzoug L'été est propice à l'évasion, à la détente et à la récupération des forces censées avoir été dépensées durant le reste de l'année. A l'instauration des congés payés, apparus suite à des conventions collectives adoptées en Allemagne au début du XXe siècle, avant d'être généralisés, c'est la saison estivale qui voit le gros des demandes de congé déposées au niveau des entreprises. On attend avec impatience cette période de l'année pour «souffler». Le choix du départ en vacances des employés a même donné lieu à plusieurs nominations relatives au mois élu. Ainsi, on trouve les juinistes (pour ceux qui préfèrent partir en juin), des juilletistes et des aoûtiens. Comme pour tous les pays du pourtour méditerranéen, l'Algérie bénéficie d'un ensoleillement important durant ces trois mois. Le rythme des activités économiques et sociales baisse. Les vacanciers s'évertuent à chercher la bonne formule pour passer une journée de détente et de loisirs. Les plus prévoyants, et surtout plus aisés, ont préparé cet événement à l'avance. Voyage à l'étranger, réservation dans des zones touristiques, location de villa ou d'appartement dans les villes balnéaires… Les petites bourses s'arrangent au gré du quotidien. Une journée à la plage ou dans les espaces de détente en forêt, c'est selon. Mais même cela nécessite des moyens de locomotion et une importante dose de patience. Avec la chaleur torride et suffocante caractérisant l'été 2009, que même les climatiseurs ne sont pas arrivés à atténuer (coupure d'électricité aggravant), la quête d'un endroit frais est devenue un sport national. Et qu'est-ce qui peut le mieux atténuer la chaleur qu'une bonne quantité d'eau fraîche. A plus de 40° C, le salut se trouve dans l'eau. Plages, lacs, rivières et bassins sont assaillis par les citoyens. Le manque d'encadrement, l'interdiction de baignade dans plusieurs plages du littoral algérien, qui, faut-il le rappeler, est long de 1 200 km font que nos estivants se serrent les uns contre les autres au niveau de chaque espace présentant le minimum de confort et de sécurité. Depuis quelques années, des efforts sont consentis par les pouvoirs publics pour encourager la construction de piscines municipales. Plusieurs ont vu le jour au grand bonheur des citoyens. Se rendre à pied, serviette sur l'épaule à la piscine d'à côté est un plaisir inestimable. La piscine semi-olympique du parc Ben Omar (Kouba) fait partie du lot. Inaugurée le 7 juillet 2008, elle rencontre un vrai succès de la part des Algérois. «Je viens ici me rincer les os [expression algérienne]», témoigne Amine, un jeune adolescent habitant la commune. «Depuis que la piscine est ouverte, je ne vais que très rarement à la mer [pourtant distante d'à peine quelques kilomètres]», poursuit-il. Située à quelques encablures du stade de football de Ben Omar, la piscine présente pour la saison un programme estival. «Nous avons aménagé des horaires de baignade pour les enfants, les adolescents, les hommes et les femmes. La piscine est ouverte de 7h30 à 22h tout au long de cette période. De l'ouverture à 13h, l'accès, suivant des tranches horaires d'une heure, est réservé d'abord aux hommes, ensuite aux enfants et adolescents. A partir de 13h30 jusqu'à 16h, ce sont les femmes. Et de 16h30 à 22h, les séances sont réservés aux hommes», explique M. Mohamed Boumensouren, chargé du personnel au niveau de l'administration de la piscine. L'infrastructure, qui renferme un seul bassin semi-olympique (25 mètres de long), compte 8 couloirs. «A raison de 10 personnes par couloir, la piscine peut accueillir jusqu'à 80 personnes en même temps», poursuit notre interlocuteur. à la réception, en l'espace de quelques minutes, le nombre de personnes, particulièrement les jeunes filles, pour certaines en voile, venues s'enquérir des formalités d'accès est important. «J'ai entendu dire que vous avez mis en place une formule familiale, comment ça se passe ?» interroge une jeune maman. Instaurée depuis quelques semaines seulement, l'idée remporte un réel succès auprès des familles, grâce, entre autres, au bouche-à-oreille. «Ça se passe les lundis et jeudis, pendant la saison estivale. [Avec un ticket à 200 DA l'adulte et à 100 DA l'enfant, nous avait informé plus tôt un agent], les mères peuvent, avec leurs enfants de moins de 10 ans, accéder à la piscine de 13h à 16h. Et de 17h à 20h, c'est au tour des hommes qui viennent avec leur progéniture», déclare M. Boumensouren. Pour ce qui est de la sécurité au niveau du bassin, le responsable du personnel assure qu'aucun incident n'a été signalé. «Mis à part quelques faits anodins liés au comportement de certains, rien n'est à signaler», affirme-t-il. En dehors de la saison estivale, la piscine continue à fonctionner. C'est la saison dite sportive. L'abonnement durant cette période est de 500 DA pour une entrée une fois par semaine et de 1 000 DA pour deux séances par semaine. En plus, contracter une police d'assurance est obligatoire. «L'assurance annuelle [de septembre à juin] est de l'ordre de 600 DA», explique-t-il. A partir de 17h, la piscine est réservée aux clubs de natation. Autre lieu, autre décor et statut différent. Les piscines privées n'ont de similitude avec celles publiques que la dénomination et le bassin d'eau. De plus en plus prisées par les citoyens, elles deviennent des centres d'attractions presque incontournables, pour une certaines catégorie d'Algériens. A Bordj El Kiffan, Aquafortland est une piscine à «la mode». A l'entrée, en cette journée d'août, le parking est encombré de véhicules. Construite en 2003, elle s'étale sur 17 000 m2. L'accès à cette infrastructure de détente est de 800 DA pour les adultes et de 400 pour les enfants. «Des formules sont proposées aux clients fidèles. Et des réductions sont opérées parfois sur les billets d'entrée», informe M. Hassen Benouniche, gérant du site. Aquafortland ne se veut pas seulement un espace où les gens s'y rendent pour se baigner, un réel effort de réflexion et d'imagination est consenti pour rendre le lieu animé. D'abord, en termes d'infrastructures, on dénombre un bassin peu profond pour enfants, un grand bassin jacuzzi, une rivière, des toboggans, une petite piscine avec jet d'eau, une piste d'animation, des espaces de restauration rapide, des terrasses… «On veut que les gens qui viennent ici profitent pleinement de leur journée. Il ne s'agit pas seulement d'accueillir les clients au bord des piscines, il faut aussi leur proposer des activités», soutient M. Benouniche. Des spectacles, des activités sportives, des structures de jeux et des concours y sont proposés. «Chaque vendredi à 16h, on organise le concours ‘'Algerien Talent''. On invite des personnes qui ont un talent, toutes disciplines confondues, à faire étalage de leur savoir-faire pendant quelques minutes. La sélection se fait à l'applaudimètre.» D'autres concours sont organisés régulièrement. Des «blind test», où trois groupes de candidats concourent pour reconnaître des titres de films selon la bande-annonce, des clowns danseurs animent la piscine. «On a même créé un espace aventure, où les jeunes pratiquent un genre de parcours du combattant.» A voir l'ambiance qui règne au niveau de la piscine, on se dit que les estivants passent une bonne journée, bien remplie. «Pourquoi nos citoyens passent-il la frontière pour les vacances. La raison est simple : le manque d'infrastructures de ce genre. Or, c'est tellement simple», déplore M. Benouniche. Notons que, grâce au phénomène Face Book, une véritable communauté Aquafortland de plus de 12 000 adhérents est mobilisée «en quelques heures». «Lors du match Algérie–Zambie, on avait demandé à nos clients, via Internet, de se présenter habillés aux couleurs nationales. La piscine est devenue un repaire de supporters. C'est une expérience à renouveler. C'est cela aussi être prestataire de services», conclut notre interlocuteur.