Au plan économique, l'Union européenne semble en avoir terminé avec le régime de Kadhafi. L'embargo qu'elle lui a imposé aura payé. Les rebelles pourraient maintenant disposer du pétrole libyen et en exporter vers des pays amis, ceux-là mêmes qui les ont portés au pouvoir. Les Vingt- Sept se tourneront maintenant vers Damas, pour mettre au point un embargo économique, même si la Syrie est différente de la Libye, pour ce qui est des structures économiques, de la nature même de son économie. L'UE devrait annoncer un embargo sur les produits pétroliers syriens en signe de désaccord avec le régime répressif de Bachar al-Assad. Ce sera peut-être la première série de sanctions. Mais rien n'a encore été tranché à l'heure qu'il est. Il n'y a pas consensus dans le carré des membres de l'Union européenne. Hier, l'UE était sur le point de le trouver, ce consensus, sur un embargo sur les produits pétroliers en provenance de Syrie. Des observateurs relèvent que d'ici la fin de la semaine, l'Union européenne devrait sanctionner la Syrie et lui imposer un embargo sur la totalité de ses produits pétroliers. En revanche, les discussions au sujet d'un possible embargo des investissements européens dans le secteur pétrolier syrien se poursuivent entre les 27 membres de l'UE. Une manière d'étouffer le régime de Damas ? Il s'agit en fait d'une mesure politique qui entraînerait de lourdes pertes économiques pour le pays, qui vend la quasi-totalité de son pétrole à l'UE. Presque un tiers des recettes totales de la Syrie proviennent de l'exportation de 95% de ses produits pétroliers à destination des pays membres de l'UE. Les autorités syriennes ont réagi à ces sanctions en préparation, estimant qu'elles ne viseront que le peuple syrien qui va en subir les conséquences. En recourant au levier économique, l'Union européenne veut faire pression sur le régime de Bachar al-Assad, le pousser à abandonner le pouvoir. Les Vingt- Sept avaient tout essayé, des mises en demeure verbales ont été émises par les dirigeants européens depuis le début de la répression sanglante, mais cela n'a pas marché, le régime est resté imperturbable, imperméable à la contestation. Mais, pour combien de temps, surtout que la contestation ne fléchit pas ? La Syrie peut toujours essayer d'écouler ses produits pétroliers dans le cadre de la zone de libre-échange interarabe, même si cela paraît difficile, parce que la majorité des pays formant cet espace disposent de pétrole. Y. S.