Après quelques semaines de répit, l'opposition yéménite appelle à nouveau à manifester dans les grandes villes du pays. Les forces gouvernementales se sont, de ce fait, massivement déployées à Sanaâ. Leur présence a été renforcée dans la capitale dont tous les accès ont été fermés depuis samedi après-midi au trafic routier, alors que des civils armés ont fait leur apparition parmi les partisans du régime dans les rues de la capitale yéménite. L'opposition a appelé samedi à intensifier les manifestations contre le régime, faisant valoir que le processus politique était dans l'impasse en raison de l'absence prolongée de M. Saleh, actuellement en convalescence en Arabie saoudite après avoir été blessé le 3 juin dans un attentat qui le visait dans le complexe présidentiel alors qu'il accomplissait la prière du vendredi. «Nous avons appelé à une intensification de la contestation contre ce qu'il reste du régime pour aller de l'avant sur la voie d'un règlement pacifique» de la crise, a déclaré Houria Machhour, porte-parole du Conseil national des forces de la révolution, créé en août pour coordonner la contestation. «Le processus politique est dans l'impasse en raison du refus du président Saleh de signer le plan du Golfe» sur une sortie de crise, qui prévoit la démission du président, a-t-elle ajouté. Les protestations populaires, entamées fin janvier, vont se poursuivre, selon la même source, «jusqu'à la fin du régime». Elle ne manquera pas de révéler ses appréhensions concernant le déclenchement de nouveaux affrontements à Sanaâ et dans les autres provinces du pays. «Nous espérons que les forces loyalistes à Saleh ne s'en prendront pas aux défilés pacifiques de jeunes sans armes», a-t-elle dit, prévenant que les militaires dissidents, qui ont rallié en mars le mouvement de contestation sous la conduite du général Ali Mohsen al-Ahmar, étaient «en état d'alerte pour défendre les manifestants» en cas d'attaque. «Nous souhaitons qu'il n'y ait pas de provocation», a ajouté la porte-parole, appelant les médiateurs du Golfe, les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) à «accroître leurs pressions sur le régime» pour éviter une guerre civile. Dans les autres provinces du pays, la tension était vive notamment dans le Sud, et à Taëz, la deuxième ville du pays, où de violents affrontements ont opposé hier à l'aube la Garde républicaine, corps d'élite de l'armée, à des hommes de tribus armés, selon des témoignages des habitants repris par les agences de presse internationales. Le parti présidentiel, le Congrès populaire général (CPG), a accusé, quant à lui, hier, le Forum commun, une coalition de l'opposition parlementaire, principale composante du Conseil national, de préparer «un complot» en mobilisant les jeunes protestataires à «prendre le pouvoir» par la force. Dans un communiqué, le CPG rend l'opposition «responsable des conséquences» d'une escalade de la violence, estimant qu'un règlement de la crise passe par «un dialogue sérieux et responsable». R. I.