Le procès de l'ancien président égyptien, Hosni Moubarak, a repris hier au Caire, sur fond de heurts entre partisans et adversaires de l'ex homme fort d'Egypte, une nouvelle fois présent dans le box des accusés allongé sur une civière. Moubarak a été transporté en hélicoptère depuis un hôpital proche de la capitale, puis transféré dans une ambulance jusqu'au tribunal, qui siège dans une école de police sous haute protection des forces de l'ordre. Les 3 et 15 août dernier l'ex-président, inculpé pour meurtre et pour corruption, avait déjà assisté sur une civière aux précédentes audiences. Les images avaient fait le tour du monde, marquant le procès historique de celui qui a régné sans partage sur l'Egypte pendant trois décennies. Agé de 83 ans, Moubarak souffrirait de problèmes cardiaques et de dépression, et des informations contradictoires circulent sur un éventuel cancer. Mais, comme pour signifier que le «spectacle est fini», contrairement aux deux précédentes cette nouvelle audience n'était pas retransmise en direct à la télévision qui s'est limitée à des images des abords du bâtiment. Des accrochages entre plusieurs dizaines de partisans et adversaires de l'ancien président se sont déroulés près du lieu du procès, avant son arrivée. Une dizaine de personnes ont été blessées dans ces incidents et la police anti-émeute a procédé à des interpellations. Cette troisième audience devrait être celle de la phase concrète. Elle sera consacrée à définir les responsabilités dans les meurtres des manifestants lors de la révolte de janvier et février qui l'a poussé à lâcher le pouvoir le 11 février. Des auditions de plusieurs responsables de la police sont prévues pour savoir si les ordres de faire tirer sur la foule ont été donnés par le seul ministère de l'Intérieur, ou si l'ancien président était lui aussi impliqué. La répression de la révolte a fait officiellement près de 850 morts. La grande majorité des violences est imputée à la police et aux hommes de main du parti présidentiel. La responsabilité personnelle de Moubarak dans les ordres de tirer à balles réelles pourrait lui valoir la peine capitale. L'ancien vice-président Omar Souleimane avait affirmé en mai dernier que Moubarak avait connaissance de «chaque balle tirée». Mais lors de l'ouverture de son procès le 3 août, l'ancien président avait plaidé non coupable. L'ex rais égyptien est jugé en même temps que ses deux fils Alaa et Gamal, ainsi que l'ancien ministre de l'Intérieur Habib el-Adli. Ce procès est toujours suivi avec intérêt par les Egyptiens, après des décennies marquées par l'impunité pour les dirigeants du pays. Moubarak est le premier dirigeant renversé par les révoltes populaires qui secouent le monde arabe depuis décembre à comparaître en personne devant la justice. Le Tunisien Ben Ali, en exil en Arabie saoudite depuis son renversement en janvier, a été jugé par contumace à Tunis. M. B/agences