De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar La réforme du système scolaire fait la part belle à la lecture. Tous les éducateurs saluent ce retour aux bonnes pratiques pédagogiques. «Un élève qui ne lit pas serait incapable de persévérance. Pour approfondir les connaissances fondamentales qui lui sont transmises par l'enseignant, l'apprenant est appelé à chercher des idées supplémentaires dans les livres afin d'élargir ses propres horizons», estime Nacer, instituteur dans une petite école primaire de la zone rurale de la wilaya de Béjaïa. Les parents d'élèves, de manière générale, semblent aussi convaincus de l'importance du livre dans l'instruction et l'éducation des nouvelles générations. «Depuis la nuit des temps, le livre a toujours représenté le meilleur support pédagogique. Il transmet le savoir et incite à la réflexion. Contrairement aux outils numériques largement utilisés aujourd'hui, il ne présente pas de solutions toutes faites et pousse continuellement le lecteur à la réflexion et à la découverte», souligne également Ayache, membre de l'association parentale de cette même école. Si l'on est unanime à souligner cet impératif, dans la pratique de tous les jours, les choses ne sont pas aussi évidentes. Les programmes scolaires étant surchargés, les élèves n'ont pas vraiment le temps de feuilleter un bon livre. C'est tout juste s'ils réussissent à s'acquitter de leurs devoirs et à se préparer aux examens. Depuis la fin des années 1980, l'orientation pédagogique a franchement négligé la lecture pour soi-disant cultiver l'intelligence et les inclinaisons intrinsèques de l'élève. Pour mettre ce dernier à l'abri des influences des auteurs, on a pensé qu'on pourrait développer son «don» personnel pour lui permettre, ensuite, de choisir librement ses lectures et ses domaines de prédilection. L'intention est louable, mais les résultats sont décevants. On constate aujourd'hui que beaucoup d'élèves aux cycles primaire et moyen éprouvent beaucoup de mal à lire et à écrire aisément. Des lycéens peinent aussi à rédiger la moindre dissertation ou à s'occuper, eux-mêmes, de leur propre courrier. On pourrait même dire que des universitaires, pourtant bien calés dans leur domaine de formation, commettent de grosses bourdes dans la rédaction de leur demande d'emploi et de leur CV. Evidemment, pour bien écrire, on doit lire beaucoup. L'initiative prise par le ministère de l'Education nationale et celui de la Culture pour la réhabilitation de la lecture dans le milieu scolaire suscite justement beaucoup d'enthousiasme. L'accord conclu entre les deux départements ministériels, qui entre en vigueur cette année, oblige théoriquement les écoliers à lire au moins quatre ouvrages par année en résumant le contenu de chaque livre dans un petit texte de leur création. Si tous les acteurs ont salué cette entreprise, il va sans dire que le résultat espéré dépend de son application réelle sur le terrain. On doit donner le temps nécessaire aux élèves et prévoir une note de lecture dans le système d'évaluation. S'agissant de la disponibilité du livre, le problème ne se pose presque pas. Les bibliothèques municipales offrent gratuitement d'important fonds documentaires. La majorité des écoles disposent également de leur propre bibliothèque. Les libraires accordent de plus en plus d'importance au livre de jeunesse. Il suffit juste de réinstaurer cette saine tradition de la lecture. Tout le problème se résume à la volonté des enseignants et à celle de leurs élèves.