Photo : Riad Par Hasna Yacoub et Fouzia Ababsa Le la a été donné hier par le ministre nigérien des Affaires étrangères lors de l'ouverture de la conférence internationale sur le partenariat, la sécurité et le développement entre les pays du Sahel et les partenaires extrarégionaux qui s'est ouverte hier à Alger. «Le Sahel a été transformé en une véritable poudrière», a lâché le ministre nigérien sur un ton catastrophiste affirmant que la situation s'est totalement dégradée depuis le déclenchement du conflit en Libye. Il a fait état de la libre circulation des véhicules volés dans les quatre pays du Champ (Algérie, Mauritanie, Niger et Mali) et d'énormes quantités d'armes de tous calibres. Il a également évoqué la forte présence des islamistes au Niger et au Maroc. Il a même assuré qu'un camion de Semtex a été saisi au Niger le 12 juin dernier après un accrochage avec un groupe armé. «Il est urgent que notre lutte antiterroriste ait une structure et qu'elle s'intéresse aux causes endogènes de ce fléau, à savoir la pauvreté et le chômage». Au fait, le ministre nigérien est pour une implication importante des forces étrangères dans la région. Il dira même que pour le Niger, la France a d'importants intérêts et il n'y a pas de raison pour qu'elle ne s'implique pas au moins financièrement pour les défendre. Cette position d'un des pays du Champ va à l'encontre du principe même de la souveraineté des pays concernés qui, d'ailleurs, a été explicitement reconnue par les puissances extrarégionales. Cette souveraineté a encore une fois été défendue par Medelci et Messahel et fortement soutenue par le chef de la diplomatie mauritanienne. Le ministre délégué des Affaires maghrébines et africaines assurera d'ailleurs que les pays du Champ tiennent à mener eux-mêmes leur lutte contre le terrorisme en comptant cependant sur le soutien des partenaires en matière de formation, d'armement, de renseignement et de développement local. «Nous devons développer nos moyens car notre sécurité, nous devons l'assurer nous-mêmes. Cependant, nous avons besoin d'un partenariat. Nous avons besoin de financement. Nous avons besoin de formation d'équipements et de renseignements», a-t-il expliqué. Le ministre a souligné aussi dans ce contexte, que l'Algérie est «extrêmement jalouse» lorsqu'il s'agit de l'appropriation de sa lutte contre le terrorisme. Concernant la stratégie de l'Algérie dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, M. Messahel a fait savoir qu'elle sera présentée, pour la première fois, aux partenaires au cours de la conférence d'Alger. «Nous avons une stratégie militaire, elle va être présentée et nous avons aussi une stratégie contre le crime organisé qui sera également présentée à nos partenaires au cours de cette conférence internationale. C'est la première fois qu'ils découvrent notre stratégie», a-t-il fait savoir. S'agissant du développement local dans les pays du Champ, le ministre a indiqué : «Nous voulons que la stratégie européenne en matière de développement soit beaucoup plus orientée vers le nord du Mali et du Niger. Quelle soit plus orientée vers des secteurs prioritaires comme la réalisation des routes et des forages.» D'autre part, le ministre malien des Affaires étrangères a évoqué quatre défis auxquels la région du Sahel fait face dont la vulnérabilité structurelle de post-conflits, «c'est une zone d'ex-rébellion, caractérisée par des revendications identitaires et sociales». Le ministre malien n'a pas manqué d'affirmer que la criminalité transnationale a explosé ces derniers mois dans la région, en donnant l'exemple de 50 tonnes de cocaïne qui circulent dans la région, ce qui représente 1/3 de la consommation européenne. Le ministre mauritanien des Affaires étrangères a, quant à lui, évoqué la difficulté géographique de la région du Sahel qui facilite la circulation des groupes armés (8 millions de km2). Les pays occidentaux, membres du Conseil de sécurité, ont affiché leur soutien et leur volonté d'accompagner les pays du Champ dans leur lutte antiterroriste et leur développement tout en leur reconnaissant le leadership en la matière. Enfin, rappelons que 38 délégations ont pris part aux travaux de cette conférence qui poursuit ses travaux à huis clos. Les conclusions seront connues aujourd'hui, suivies d'une conférence de presse animée conjointement par les quatre ministres des Affaires étrangères des pays du Champ. H.Y./F. A. Lire également pages 2, 3 et 5