De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad La pêche et les marins de Tizi-Ouzou sont gâtés par la nature mais leur domaine va mal au vu des résultats du secteur et des préoccupations soulevées à chaque occasion par les professionnels de la mer ; des problèmes que même les responsables locaux n'arrivent pas à camoufler tellement ils handicapent l'avancée et le développement de ce segment qui pourrait pourtant aider à la relance de l'économie de la région. Cependant, la situation très peu reluisante des autres secteurs économiques en Kabylie relègue au second plan les métiers de la mer qui ne seraient pas bien ancrés dans la culture des habitants des localités maritimes kabyles, selon des jugements « prêt-à-porter » d'une certaine élite. Il ne faudra pas s'étonner des prix trop élevés du poisson et même de la sardine proposés au petit consommateur avant de connaitre les contraintes insurmontables dans lesquelles nagent à vue les marins pêcheurs de la région et sûrement de tout le pays. Illustrations récentes : les nouveaux ports de Tigzirt et d'Azeffoun, déclarés gros investissements des deux dernières décennies en Kabylie avec des retards de livraison incroyables, ne répondent pas aux normes de la pêche, du commerce et même des sites de plaisance, selon des opérateurs économiques et des gens de la mer. Ces connaisseurs avancent la conception très mal étudiée des digues, des quais étroits, l'absence d'aménagements adéquats, l'ensablement inévitable et par conséquent les opérations très chères de désensablement. Sans parler des difficultés quotidiennes que rencontrent les marins au sein des administrations locales, des aides au compte-goutte qui leur parviennent de l'état et des blocages pour le lancement de projets d'envergure…etc.A elle seule, la wilaya de Tizi-Ouzou possède une façade maritime de 85 km (7% de la côte du pays) avec une zone de pêche de près de 8000 km2. Le potentiel halieutique est estimé à 69 000 tonnes de poissons pélagiques. Un recensement récent fait ressortir l'activité d'un peu plus de 400 marins pour une flottille de 220 embarcations toutes dimensions comprises, d'après des chiffres officiels annoncés fièrement par la tutelle qui les compare à ceux constatés il y a une dizaine d'années mais qui doivent vraiment inquiéter, en raison des potentialités halieutiques de la côte kabyle. Si les représentants des marins pêcheurs de la région demandent un statut particulier pour répondre aux besoins sociaux des professionnels et augmenter la production, ce n'est pas parce que tous leurs problèmes sont réglés par de simples déclarations et promesses des responsables à tous les niveaux. Ils vont vraiment mal et le secteur de même ! À Azeffoun comme à Tigzirt, les concernés parlent des mêmes préoccupations et tirent la sonnette d'alarme sur des dangers ravageurs qui menacent l'activité et son environnement naturel. On cite en premier lieu la dégradation du milieu halieutique par les diverses pollutions que subit la mer, notamment ces dernières années avec la multiplication des décharges sauvages sur la côte, le non-traitement des eaux usées déversées dans la mer , la violation des pauses biologiques et les rejets produits par les matières phytosanitaires utilisées dans l'agriculture de saison. La pêche dans les zones temporairement ou continuellement protégées est aussi mise en avant par des amoureux de la pêche et de la mer qui estiment que la biomasse est réellement en danger d'extinction.Pendant ce temps, pour les responsables du secteur dans le pays, le développement de l'aquaculture et de la pêche continentale serait la panacée contre la « surexploitation » des ressources halieutiques comme si le véritable problème résidait à ce niveau, compte tenu des moyens matériels rudimentaires dont disposent les marins pêcheurs des régions côtières d'Algérie. Parlons-nous de la même mer et des mêmes marins pêcheurs ?