De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Annaba 8h30, en ce samedi 17 septembre, la ville, comme à l'accoutumée, s'anime, véhicules qui circulent, bus qui passent, piétons sur les trottoirs et citoyens sur les terrasses du Cours de la Révolution sirotant leurs cafés et lisant les journaux. Dans la rue Gambetta, située à quelques dizaines de mètres, les commerçants (informels) montent leurs étalages et commencent à exposer leurs marchandises ; des policiers en faction, postés aux points névralgiques, observent et veillent. Devant le Théâtre de la ville, un véhicule de police est stationné et des policiers en tenue d'intervention sont déployés tout autour ; juste en face, c'est le camion de la bibliothèque ambulante du ministère de la Culture qui est garé près de la tente montée pour accueillir le public. Du côté du jardin public, en allant vers La Colonne ou en passant par l'Olympia pour gagner le centre de santé, la circulation est tout à fait normale et les gens vaquent le plus normalement du monde à leurs occupations. Le jardin public, côté sud, est envahi, comme d'habitude en cette fin de semaine, par les marchands de canaris et de chardonnerets. Il y a foule et chacun essaye de trouver ce qu'il cherche à bon prix. Vers 10 heures, la circulation devient plus intense et la ville grouille de monde. Le marché est bondé, les trottoirs confisqués aux piétons par les vendeurs qui y étalent leurs produits. Les commerces sont ouverts, boutiques, bazars, restaurants, taxiphones, kiosques à tabac, cafés et autres ne désemplissent pas. Bref, une journée tout à fait normale, comme les autres. Ici à Annaba-ville, tout est calme et «les voix appelant aux troubles et à la révolution» n'ont pas été entendues. «Mais qu'est-ce qu'ils nous veulent ces gens-là ? Dix ans de drames, de morts et de désolation n'ont pas suffi ?», nous a déclaré un père de famille rencontré à la rue du CNRA. «Barakat, y en a marre ! Qu'ils nous laissent tranquilles. Regardez ce qui arrive en Libye», ajoutera-t-il. Un autre, jeune chômeur, nous a fait savoir qu'il est au courant de ces appels lancés via Facebook, qu'il ne peut y souscrire car si cela explose, ce serait le chaos. «Déjà que nous sommes en difficulté en temps de paix, comment voulez-vous qu'on s'en sorte s'il y a des troubles. Et puis, ici chez nous, ce n'est pas la même chose que dans les autres pays arabes, nous sommes mieux lotis et il y a toujours un moyen de gagner sa vie dignement. Il est vrai qu'il y a de l'injustice mais un jour ou l'autre cela se réglera, nous n'allons pas rester ainsi éternellement. De toute façon, on est bien comme ça !», affirme-t-il.Excepté un petit mouvement de protestation d'habitants, au niveau de la localité de Kherrza, qui réclamaient à propos de l'AEP, une revendication somme toute légitime et qui a été très vite prise en charge par les autorités, rien n'est à signaler.Hier à Annaba, les appels à manifestation n'ont pas été entendus et n'ont pas porté. Les chants de sirène, ces naufrageurs, n'ont pas réussi leur coup et rien de vraiment grave ne s'est passé. Tout est calme.