Photo : S. Zoheir Par Abdelkrim Ghezali Les cybernautes ont déjà rendu leur verdict sans appel : «Touche pas à mon pays !», «Laissez-nous tranquilles !». Ces réactions à un appel anonyme à une «révolution» en Algérie pour hier 17 septembre ne s'apparentent aucunement au défaitisme, ni à une incapacité d'agir, encore moins à un «à-plat-ventrisme», ni à un chèque en blanc au pouvoir. Les Algériens veulent un changement radical du système ; ils veulent vivre libres, dignes et dans un bien-être à la hauteur des richesses du pays. Les Algériens se soulèvent à chaque fois contre le népotisme, les passe-droits, la corruption, les dilapidations des deniers publics. Les Algériens ne se sont jamais tus quand leurs droits étaient bafoués, ignorés ou confisqués. Aussi bien sous Boumediène, que sous tous les régimes qui lui ont succédé, les Algériens se sont révoltés pour exprimer leur volonté et revendiquer ce qu'ils considèrent être leurs droits. Des questions identitaires et linguistiques aux problèmes socioéconomiques et aux revendications politiques, les Algériens n'ont ménagé aucun président, aucun gouvernement, aucun régime. Cependant, tous les mouvements de contestations sociales et politiques émanaient de la seule volonté des Algériens et n'ont jamais été dictés par une partie étrangère, pas même par l'opposition algérienne à l'étranger. L'attitude des Algériens vis-à-vis de l'appel à «la révolution» est assez éloquente sur le degré de leur maturité et de conscience. «Personne ne donne de leçons aux Algériens» en matière de protestation, de contestation et de révolution. Si les Algériens jugent en leur âme et conscience qu'un mouvement social s'impose pour bouleverser l'ordre établi, rien ne les empêcherait de le faire. L'Algérien est instinctivement allergique à toute ingérence étrangère dans ses affaires et dans son pays, tout autant qu'il est viscéralement allergique à la hogra, au népotisme, à l'injustice. C'est à ce titre que les réformes politiques en cours doivent être accompagnées en urgence de mesures coercitives contre les administrations et les institutions qui menacent par leurs pratiques et comportements la paix sociale.Si les Algériens ont fait preuve d'une maturité exemplaire, il revient à l'Etat d'assumer pleinement ses responsabilités et de consacrer la citoyenneté et les droits à tous les niveaux et à agir en urgence pour bannir tout comportement ou déclaration de responsables à tous les niveaux qui risque de jeter de l'huile sur l'étincelle, comme les déclarations du ministre de la Santé qui interdit aux résidents le droit d'avoir un syndicat. Le ministre de la Santé ne peut être au-dessus des lois et de la Constitution qui reconnaît ce droit aux étudiants. Le droit syndical est consacré et nul ne peut l'interdire à quiconque. A. G