Le président de la Commission d'enquête parlementaire sur la pénurie de certains produits alimentaires de large consommation, Kamel Rezki, a estimé que la mauvaise organisation du marché était, pour l'essentiel, à l'origine de la pénurie de ces produits enregistrée en début d'année.Cette commission, composée de 17 députés de différents groupes parlementaires et des représentants de partis, a travaillé pendant 6 mois et a conclu que «la mauvaise organisation du marché national et la non-maîtrise des mécanismes d'importation et de distribution», étaient les principales causes de la pénurie de produits de large consommation. Les conclusions de la commission d'enquête ont de quoi étonner. Tous les consommateurs savent que les épiciers, les supérettes, les bouchers, les boulangers et autres commerçants ne respectent pas le «B. a ba» du métier, à savoir la remise d'un ticket de caisse. Car pour réguler et organiser, il faut connaître les stocks et les flux. Nos commerçants, nos grossistes et nos producteurs ne veulent pas de transparence. La vente sans factures est une pratique courante. Le paiement en liquide est le corollaire de cette pratique. La fraude aux impôts en est la conclusion.Le secret de l'enquête ne permet pas à nos députés de nous dévoiler qui perturbe réellement. Pas de nom ni de responsabilité clairement établis. Cette manière d'incriminer tout le monde déresponsabilise les concernés. La dérégulation du marché ou sa mauvaise organisation est-elle de la responsabilité d'un ministre, d'un gouvernement ou des producteurs et des détaillants ? La responsabilité peut aussi, dans un cas extrême, être incombée au consommateur qui n'exige pas son ticket de caisse.Il en est ainsi de l'activité politique en Algérie. «Personne n'est responsable, mais cela est la faute de tout le monde». Personne ne peut demander des comptes et il semblerait que personne n'en veut. Les opposants qui ont l'ambition de gérer le pays, éructent sans réel programme et se désolent que les citoyens ne soient pas sortis manifester leur «désir» de changement. Les membres de la majorité veulent des réformes à condition de leur permettre de rester au pouvoir. Ils se désolent aussi de sentir les citoyens en avoir marre de cette bureaucratie et de cet immobilisme. Les citoyens sont encore une fois responsables aux yeux de ceux qui aspirent à gouverner des déconvenues des uns et des autres. Les intellectuels et autres faiseurs d'opinions se désolent qu'un gardien de parking ou qu'un chauffeur de taxi ait plus d'impact et d'influence sur les citoyens que leurs «magnifiques» écrits et leurs «profondes» analyses. Le star-système politico-médiatique qui remonte aux années 1990 n'a pas plus évolué que les pratiques du régime. Les mêmes discours dépassés, le même regard sur une société qui a profondément changé. Les mêmes visages de l'opposition au monde de la presse «libre». La nomenklatura des années 1990 n'a pas changé et arrive à des conclusions que les citoyens connaissent depuis quelques années. Les commissions d'enquêtes parlementaires comme les analyses de l'opposition débouchent sur des généralités qui ne permettent pas de prise de décision. L'Algérien semble s'être nourri plus de paroles que d'actions. Il est vrai que pour agir il faut au moins savoir de quoi on parle. A. E.