L'ex-président afghan et ancien leader de la résistance contre l'invasion soviétique, durant les années 1980, Burhanuddin Rabbani, a été tué hier après-midi à l'intérieur de sa résidence, à Kaboul, par un kamikaze taliban. Ce dernier s'est mis dans la peau d'un faux émissaire avec une bombe dissimulée dans son turban, a indiqué la police, citée par les agences de presse. «M. Burhanuddin a été tué mardi dans une explosion devant son domicile», a rapporté la chaîne de télévision Tolo, citant un officiel du ministère afghan de l'Intérieur, a repris l'agence chinoise Xinhua. L'ancien président a été désigné par l'actuel chef de l'Etat, Hamid Karzaï, en octobre 2010, pour présider le Haut conseil pour la paix (HCP), institution mise en place pour négocier la fin de la guerre avec les rebelles talibans, dont certains se réclament de la nébuleuse islamiste d'Al-Qaïda. Outre Burhanuddin Rabbani, cinq autres personnes ont péri dans cet attentat, dont Massum Stanikzai, chef du secrétariat conjoint du Conseil. La résidence de l'ancien président afghan (1992-1996) est située au cœur du quartier diplomatique du centre de Kaboul qui, le mercredi dernier, était la cible d'une série d'attaques kamikazes, perpétrées à proximité de l'ambassade des Etats-Unis et du quartier général de l'Alliance Atlantique (Otan). Après l'annonce et la confirmation de la mort de Rabbani, l'actuel président afghan Hamid Karzaï a été contraint d'écourter son voyage aux Etats-Unis, a annoncé un porte-parole de la présidence afghane à Kaboul. M. Karzaï devait assister à l'Assemblée générale des Nations unies à New York, qui aura lieu ce vendredi, et rencontrer le président américain Barack Obama, avant de regagner l'Afghanistan. «Le président a été informé de cet incident et il annule le reste de son séjour aux Etats-Unis pour revenir» en Afghanistan, a déclaré son porte-parole, Hamid Elmi, qui assure toutefois que Karzaï s'entretiendra d'abord avec Obama et annulera le reste de sa visite aux Etats-Unis. L'assassinat de Burhanuddin Rabbani est un énième message au gouvernement afghan de la part des Talibans, qui refusent de déposer les armes et rejettent toute ouverture du dialogue avant le départ «définitif et total» des 130 000 soldats étrangers du territoire afghan. Même si des pourparlers officieux ont déjà eu lieu entre des émissaires talibans et des responsables du gouvernement afghan et du HCP, les rebelles islamistes ont redoublé de violence armée à travers tout l'Afghanistan et ont revendiqué tous les derniers attentats-suicides qui ont eu lieu à Kaboul. L. M.