Le moment est enfin venu. Les Palestiniens vont déposer une demande d'Etat membre de l'ONU par l'entremise du président Mahmoud Abbas. Malgré des pressions absolument démentes, l'Autorité palestinienne a résisté et devrait mettre le monde, dont les puissances internationales, devant leurs responsabilités.A quelques heures du discours de Mahmoud Abbas à l'ONU, les pressions s'intensifient sur les Palestiniens à New York, où sont arrivés plusieurs chefs d'Etat. Après 60 années d'occupation, la Palestine demandera un siège d'Etat membre à l'ONU. L'embarras est général parmi les capitales occidentales. Israël a toujours bénéficié d'un statut au-dessus du droit international. Barack Obama devrait s'entretenir avec le président palestinien, Mahmoud Abbas. La rencontre n'était pas initialement prévue. Le président américain pourrait essayer, à quelques heures du grand moment, de dissuader Abbas d'aller au bout. A une année des élections présidentielles, Obama semble impuissant face à un lobby pro-israélien incontournable pour un second mandat. Rencontre avec le président français, entrevue avec le chef de la diplomatie britannique, Abbas est sous pression, particulièrement de la part de pays siégeant au Conseil de sécurité en tant que membres permanents. Le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, ONU, Russie, UE) veut court-circuiter l'initiative en forçant le coup pour une reprise des «négociations de paix» qui ont montré toute leur inefficience. Avant la remise prévue demain vendredi de la demande d'adhésion d'un Etat de Palestine au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, l'heure est à l'expectative. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a déclaré à New York que son pays soutiendra «certainement» l'initiative palestinienne. L'Etat hébreu veut décrédibiliser l'offensive palestinienne en claironnant que l'Autorité ne dispose pas de la majorité de neuf voix au Conseil de sécurité, nécessaire pour valider une demande d'adhésion d'un Etat. Grande inconnue, l'Union européenne qui n'a pas divulgué sa position. «Nous nous attendons à un veto américain, mais nous attendons à ce que les Européens prennent une position de principe, comme toujours», a affirmé Hanane Achraoui, membre de la délégation palestinienne et militante au long parcours. L'administration américaine veut absolument empêcher la constitution de cette majorité, afin de s'épargner l'embarras de devoir utiliser son veto. Une première face à une demande d'adhésion. Un an après le fameux discours, qualifié d'historique, de Barack Obama affirmant vouloir voir un Etat palestinien entrer à l'ONU en 2011, Washington paraît dans l'embarras. La délégation palestinienne exhorte les Etats-Unis à réviser cette position pour se ranger avec «la majorité» des pays favorables à la demande d'adhésion. En effet, plus de 120 pays sur 193 sont prêts à voter en faveur de la Palestine à l'Assemblée générale de l'ONU. Le monde contre une minorité. Une situation délicate résumée par Carl Bildt, le ministre suédois des Affaires étrangères : «Nouvelle journée à l'ONU. Diplomatie intensive pour éviter une catastrophe ferroviaire diplomatique pour la paix au Proche-Orient. Nous devons trouver une solution d'avenir pour tout le monde.» Les Etats-Unis et Israël affirment qu'un Etat palestinien ne peut naître que dans le cadre des négociations de paix, pourtant enlisées depuis près d'un an. Mais peut-être le temps des négociations alibi est révolu. Le peuple veut la chute du régime… colonial. M. B.