Il y avait un mélange de colère et de déception chez le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati. Lorsqu'il a pris la parole, hier après-midi, devant un parterre composé d'élus algérois de son parti, les visages des présents se sont crispés. Même lorsque les remarques du chef étaient désobligeantes, les militants applaudissaient, même si, visiblement, le cœur n'y était pas. «Le rendement des élus du FNA est en dessous de la moyenne», tonne Moussa Touati, l'air grave. Pis, l'orateur ne veut même pas être indulgent avec les élus de sa formation politique. «Je sais qu'on essaie toujours de mettre les échecs sur le dos des autres, notamment ceux qui se sont érigés en tuteurs du peuple. Mais vous ne devez suivre personne, vous avez un seul employeur : le peuple», a-t-il dit à l'adresse d'une assistance impassible. «Nous avons accueilli des militants qui se sont nourris de la culture des autres partis, ceux de l'administration. Nous avons été naïfs de croire qu'ils allaient respecter les principes du FNA», a encore tempêté Moussa Touati.Pour redresser la barre, l'ancien président de la Coordination des enfants de chouhada réclame des excuses aux élus de son parti. «Vous devez descendre dans la rue et aller demander des excuses au peuple qui vous a élus. C'est ce peuple qui a fait de vous ce que vous êtes et non le contraire», a-t-il insisté à plusieurs reprises.Le président du FNA pense qu'imposer un quota de femmes sur les listes électorales est réducteur pour ces dernières. «Il veulent réduire la femme à un quota. Ce n'est pas notre philosophie au FNA. Pour nous, il s'agit surtout d'inciter les femmes à investir la politique. Le reste n'est pas sérieux».En vue des élections législatives et locales de 2012, Moussa Touati a mis en garde ses militants contre toute guéguerre autour des listes. «Les candidats du FNA seront élus dans des Assemblées générales. Personne ne pourra s'opposer, dès lors, à un de nos candidats. Même pas le président du parti qui devra se soumettre à la volonté des militants», a-t-il recommandé avant d'avertir que «le FNA de 2012 n'est pas celui de 2002 ou 2007».Au sujet de boycottage des élections, Moussa Touati considère que le problème n'est pas dans le peuple, mais dans les dirigeants. «Ce sont eux qui refoulent les gens, pas le contraire», a-t-il dit des dirigeants actuels. A. B.