Le président du Front national algérien (FNA) ne s'est pas encore remis de sa cuisante défaite avec un score humiliant le 9 avril dernier. Tipaza. De notre bureau Moins d'une semaine après la tenue du scrutin présidentiel, le FNA a tenu la réunion extraordinaire de son conseil national élargi, jeudi dernier, au complexe touristique Matarès de Tipaza. Le « boss » Moussa Touati et ses militants étaient en conclave pour évaluer les résultats obtenus à l'issue de la dernière consultation électorale et entamer déjà les débats sur les perspectives organiques du FNA. La tenue d'un congrès extraordinaire du FNA, qui s'avère impérative aux yeux des militants, est annoncée sans que la date et le lieu ne soient communiqués par les responsables de cette formation politique. Le candidat malheureux Moussa Touati, le visage fermé, a usé de critiques acerbes envers les militants de sa formation. « Vous vous êtes mis à la disposition de l'administration, des walis et des chefs de daïra, indique-t-il. Or, vous n'êtes que des militants et non des fonctionnaires qui étaient logiquement appelés à se mettre du côté des citoyens pour s'enquérir de leurs problèmes et les porter à la connaissance de ceux qui sont habilités à les résoudre. Vous êtes-vous posé les questions franchement sur votre rôle en votre qualité de militants du FNA ? Avez-vous réellement travaillé ? Ou alors vous imaginiez-vous que les citoyens viendraient à votre rencontre ? Mais vous vous prenez pour qui ? Qu'avez-vous fait pour faire adhérer les jeunes à notre parti ? Qu'avez-vous fait pour entamer la formation au sein du FNA ? Le véritable militant doit avoir les capacités pour convaincre. Il doit élever son niveau éducatif et son niveau culturel. Cessez de vous plaindre ! Vous n'êtes que des zéros ! », crie-t-il sous les applaudissements de la salle. L'ex-candidat à l'élection présidentielle avait misé sur un score de 20%. En réponse à une question d'El Watan, Moussa Touati affirme une fois de plus que le bourrage des urnes ne servira pas l'Algérie. « C'est trop flagrant, nous dit-il. Le FNA s'est engagé dans cette élection avec ses maigres moyens. » « Les conditions ne sont pas favorables pour passer à l'action de grève en dépit de tout ce qui s'est passé lors du scrutin. J'ai tenu, en homme civilisé, à féliciter le candidat Bouteflika. Nous allons nous réunir pour renforcer notre parti avec des militants sincères, avant de nous lancer dans la bataille des locales et des législatives. Je suis une personne qui refuse l'humiliation, mais qui continue à se battre d'une manière démocratique pour mon pays. Vous saurez plus tard la nouvelle stratégie du FNA », enchaîne Moussa Touati, visiblement fatigué. Le FNA est un parti qui est aujourd'hui confronté à une rébellion interne et une guerre de leadership. A Tipaza, certains membres influents commencent à entreprendre des démarches pour tenter d'affaiblir l'équipe actuelle. Moussa Touati s'est placé au-dessus de la mêlée. Il a de nouveau critiqué ouvertement les six députés qui avaient voté pour l'amendement de la Constitution qui permettra désormais au président Bouteflika de se présenter indéfiniment à l'élection. Un député du FNA nous révèle en aparté que Moussa Touati doit accepter l'entrée du FNA au gouvernement. « Nous ferons tout pour que le FNA intègre le gouvernement si nous voulons que notre formation politique émerge davantage », conclut-il. Un responsable de wilaya du FNA s'interroge devant l'assistance : « Comment voulez-vous qu'un militant du FNA qui se montre incapable de procéder à l'affichage des slogans de son parti comme le font les militants des autres partis politiques, précise-t-il, puisse se dévouer pour le FNA et se sacrifier pour le hisser vers le sommet ? » Des jours difficiles attendent le FNA.