Photo : M. Hacène Par Sihem Ammour Dans le cadre des rencontres thématiques organisées par le stand «esprit Panaf», Rachida Moncef a animé, vendredi passé, une rencontre intitulée «L'Afrique aux éditions algériennes», en présence de Marcelin Vounda Etoa, éditeur camerounais, de l'écrivaine algérienne Mayssa Bey, du spécialiste de la littérature africaine Benaoudouda Lebdai ainsi que du spécialiste Abdelwaheb Bedjaoui. En prélude à cette rencontre, Rachida Moncef a souligné que «L'esprit Panaf» a permis d'inscrire les efforts qui ont été déployés par l'Algérie pour la promotion et la diffusion de la littérature africaine en 2009 dans la continuité. Cela a ainsi permis d'ouvrir une porte pour que les éditeurs de tout le continent travaillent ensemble pour ne plus être dépendants du marché du livre français. Elle a ajouté que « l'Algérie a ouvert la route, en rachetant les droits de plusieurs auteurs africains afin de les mettre à la disposition du grand public. Il est toutefois important et nécessaire de renforcer le contact entre les éditeurs, car nous faisons partie du même continent, nous avons partagé la même Histoire, des origines jusqu'à l'Histoire moderne et contemporaine». La parole a été donnée en premier à Marcelin Vounda Etoa. Critique littéraire et directeur des éditions CLE, Marcelin Vounda Etoa enseigne la littérature française à l'université de Yaoundé I au Cameroun. Participant pour la première fois au Sila, il confie : «Je suis très impressionné par l'ampleur du salon, j'espère que cela va permettre de partager les expériences et donner naissance à des échanges fructueux entre éditeurs.» Il soulève, lors de son intervention, la difficulté de diffuser des auteurs africains au sein même de l'Afrique et aussi vers d'autres continents. D'autre part, il abordera la problématique du rachat des droits d'auteurs qui devient un véritable parcours du combattant lorsque les auteurs africains sont publiés à l'étranger. Il soulignera les efforts de l'Algérie pour encourager et renforcer la coédition entre les éditeurs africains, en citant en exemple sa propre expérience avec la maison des Editions Chihab qui a publié deux ouvrages, les Fables africaines et la Hache des chimpanzés. Il affirmera que le fait de renforcer le réseau de diffusion et de publication au niveau continental, permet de donner la parole aux africains pour qu'ils s'expriment eux- mêmes. Les faire parler sur leur vécu, leurs valeurs, leurs réalités, afin de briser les amalgames et les confusions qui ont duré pendant des années ; d'autant plus qu'aujourd'hui, il y a de moins en moins de possibilités de publier en France. Il ajoutera à ce propos qu'«aujourd'hui, nous recevons des manuscrits qui ne viennent pas seulement du Cameroun mais aussi du Congo, du Sénégal et de la Côte d'ivoire. C'est ainsi que nous avons pu publier des auteurs qui sont devenus ensuite célèbres en France, à l'instar d'Henri Lopez ou de Bernard Dadier».Pour sa part, Beanouda Lebdai a soutenu la nécessité de construire des passerelles entres les éditeurs africains afin de mieux diffuser cette littérature.Quant à l'écrivaine Mayssa Bey, elle confiera la nécessité que les maisons d'édition africaines encouragent les auteurs de leur propre pays, d'autant plus qu'à l'étranger, et plus particulièrement en France, ces auteurs sont stigmatisés dans une certaine catégorie : de «ces pays là» ; une place à part avec ses postures, ses attentes et ses codes, et rarement reconnus en tant qu'auteurs à part entière. L'Algérie fait un très grand effort pour la coédition et le rachat des droits d'auteur. Elle a rappelé que les auteurs ont la plupart du temps les mains liées et ne peuvent intervenir dans les négociations concernant leurs droits d'auteur, ce qui complique encore plus la tâche des éditeurs africains.