On est en droit de penser que l'école est considérée à tort comme la deuxième famille de l'enfant. L'enseignant est en principe celui qui, après les parents, peut être proche des enfants, savoir quand cela ne va pas physiquement ou moralement et alerter les parents ou l'administration (ou les deux) quand c'est nécessaire. Il doit non seulement prodiguer l'enseignement mais aussi détecter ce qui pourrait entraver la scolarité d'un enfant. Un problème d'acuité visuelle, des difficultés à assimiler les cours, une volonté soudaine de s'isoler, ce sont là quelques signaux d'alarme que le pédagogue ne doit pas ignorer. C'est rarement le cas aujourd'hui, l'élève servant beaucoup plus de faire valoir à une corporation qui se bat sur un tout autre terrain que celui où il (l'élève) se trouve. Des petits peuvent traîner assez longtemps une myopie qui débute, avant d'être remarqués, généralement pas les parents, alors que celui qui doit s'en rendre compte le premier est l'instituteur, lorsque l'élève demande à s'asseoir à la première table ou se rapproche trop souvent du tableau pour voir ce qui y est écrit. Maladies sournoises, carie dentaire, état d'hyperactivité et problèmes familiaux peuvent «couver» chez le petit sans que l'on s'en aperçoive. Le pédagogue, cet intermédiaire entre l'écolier et les parents ou l'administration, ne remplit plus son rôle, ce qui n'aide pas l'établissement qui a un rôle à jouer dans le dépistage d'éventuelles maladies ou la détection de situations difficiles vécues par des élèves qui, par pudeur ou par peur, n'en parlent pas. D'ailleurs, les écoles ne disposent pas toutes d'unités de dépistage scolaire (UDS), ces structures pourtant indispensables pour la bonne santé physique et mentale des enfants, et, partant, pour un bon parcours scolaire. Sans compter que les visites médicales ne sont pas effectuées régulièrement pour la simple raison qu'il faut y emmener les élèves, sinon attendre que le tour de chacun des établissements dépendant de la même UDS arrive pour accueillir un médecin ou deux, mais jamais toute l'équipe, dont le psychologue, qui est la seule en mesure de faire un examen exhaustif. D'autant que nombreux sont les élèves dont les parents ne peuvent pas payer une consultation chez un généraliste, encore moins chez un spécialiste, sachant que les familles ont plus de deux enfants scolarisés. Il leur reste le dispensaire où ils peuvent passer l'après-midi de repos scolaire pour une consultation éclaire. R. M.