Photo : M. Hacène Par Sihem Ammour Comme à l'accoutumée, les éditions Apic proposent aux férus de lecture de nouveaux titres, pour tous les genres et tous les goûts. Ainsi, polars, recueils de nouvelles, essais géopolitiques et historiques sont au rendez-vous sur les étals du stand de la maison d'édition, dirigée par Karim Chikh et Samia Zennadi Chikh, présents au Sila 2011.À propos de cette participation à cette 16e édition, Karim Chikh explique que «c'est un événement important pour nous en tant qu'éditeurs car c'est un véritable lieu de rencontres, d'échanges entre les éditeurs, les auteurs et les lecteurs. Cela nous permet aussi de prendre la température des nouvelles tendances, des lectures préférées du public qui vient au Sila. Cette année j'ai l'impression qu'il y a moins de monde que l'année passée, peut être est ce à cause de la rentrée scolaire et sociale. J'ai aussi remarqué que le public s'intéresse de plus en plus au roman, beaucoup plus qu'à l'essai. C'est comme si que le roman reprenais peu à peu sa place et que les algériens sont de plus en plus curieux de découvrir les auteurs de leurs pays».Au volet des essais, alors que le monde arabe est toujours en ébullition et que la flamme de la révolte s'embrase encore en Syrie et au Yémen, les éditions Apic proposent au grand public, dans la collection «Dissonance», le dernier ouvrage de Samir Amin, intitulé Le Monde arabe dans la longue durée : Un printemps des peuples. Cet ouvrage a été publié, au début du mois de septembre, au même moment en Algérie et en France, aux éditions Le temps des cerises.Rappelons que Samir Amin est un éminent professeur d'économie politique du développement, de nationalité égyptienne, il enseigne dans plusieurs universités à travers le monde. Ecrivain, auteur de plusieurs ouvrages, il préside également le forum du tiers monde et le forum mondial des alternatives. Il est, depuis de longues années, étroitement lié aux mouvements de luttes dans le tiers monde. Figure intellectuelle marquante du monde arabe, il se définit comme un «animal politique» qui ne peut pas séparer sa trajectoire de sa réflexion intellectuelle, de ses combats et options politiques.L'essai publié dans la collection «Dissonance», qui présente des ouvrages abordant des sujets géopolitiques actuels, initiée en 2008. Karim Chikh soulignera que «c'est aussi une manière d'analyser le monde en dehors des sphères les plus fortes. Cela permet aussi d'informer les lecteurs sur ce qui peut leur échapper. Trouver dans le livre ce qu'il n y a pas dans les médias, trouver autre chose que ce que l'on nous vend comme vérité absolu. Cette collection permet d'avoir un autre regard sur ce qui se passe dans le monde qui permette de remettre, quelque part les choses en ordre, avec un autre regard que celui imposé par les médias en général et particulièrement occidentaux».Au rayon des nouveautés, il y a également Fragment d'histoires et brins de croyance de Zoubeida Mameria, recueil de nouvelles publié dans le cadre de la manifestation «Tlemcen, Capitale de la culture islamique 2011», dans lequel la nouvelliste plonge les lecteurs dans les Aurès du 19e siècle, pendant les premières années de colonisation française, abordant ainsi le thème de la difficile cohabitation. Mais la grande nouveauté de cette année est le lancement de la collection «Apic Noir» dédiée au roman policier avec la publication du premier roman d'Azzdine, pseudonyme d'Aomar Derradji, intitulé L'étrangleur d'Alger.A ce propos Karim Chikh confie : «Nous n'avons pas l'habitude de publier des polars, mais nous avons eu un véritable coup de cœur à la lecture du manuscrit. Dès qu'on commence le livre on ne peut plus le lâcher jusqu'à la dernière page. Par ailleurs, dès le premier jour du Sila, un auteur, originaire de Bouira, m'a proposé un autre polar qui a l'air vraiment intéressant, ceci nous encourage à poursuivre dans cette voie.» «L'esprit Apic est très Afrique» Ayant publié depuis des années de nombreux auteurs africains, dont Sami Tchak et Eugène Ebodé, les éditions Apic s'intéressent cette année à un ouvrage collectif, dédié à la célébration des cinquantenaires des indépendances africaines, intitulé Indépendance Tchatcha. Le titre est inspiré du célèbre tube de joseph Kabessele Tshamala, alias grand Kallé, Indépendance «Cha-Cha», symbole fort de ralliement au moment des indépendances.Ainsi, à cette occasion, trente auteurs, issus de 14 pays africains, s'expriment librement, loin des clichés habituels, sur une réalité personnelle, nationale et internationale. Cet ouvrage est coédité par les éditions Magelan et cie, Courrier international, en France, et les éditions Eburnie de la Côte d'Ivoire et Ifrikya du Cameroun et, bien sur, les éditions Apic en Algérie. Une coédition qui a été possible grâce au soutien de l'alliance internationale des éditeurs indépendants. Bien avant le Panaf, les éditions Apic s'attelaient à faire sortir la littérature, et plus spécifiquement l'édition africaine, des carcans occidentaux. C'est que, déjà en 2008, Samia Zennadi Chikh accompagnait, en tant qu'éditrice, Djamel Mati pour son roman On dirait le Sud, nominé pour le Prix Yambo Ouologuem au Mali.D'autres expériences s'ensuivirent, à l'instar de l'organisation, en 2009, de la «résidence d'écriture», avec de nombreux auteurs venus de toute l'Afrique et dont le fruit a été un recueil de nouvelles intitulé Ancrage africain, et puis la publication de la revue du stand Esprit Panaf, dont Samia Zennadi était responsable et à la création de laquelle elle a grandement contribué. Elle a fait de ce lieu un véritable espace de rencontres et d'échanges entre éditeurs, auteurs et lecteurs africains et surtout un lieu d'écriture pour inscrire dans la mémoire du festival la beauté de la littérature africaine.A propos des nombreux efforts des éditions Apic, pour promouvoir la littérature africaine, Samia Zennadi Chikh explique qu'«il est important de travailler tous dans cette voie, notamment en partenariat avec d'autres éditeurs et le ministère de la Culture. Le but est de garantir la publication des auteurs africains a partir du continent L'Algérie est un pays riche qui a les moyens d'être un véritable centre littéraire à l'instar de Paris, Londres ou New York. Si cela ne se fait pas maintenant, on perdra tous les acquis du Panaf». Elle ajoutera dans ce sens, qu'il est important de laisser des traces par l'écrit, notamment à travers l'organisation de résidences d'écritures et construire un véritable réseau d'édition et de diffusion, afin de rendre le livre disponible au niveau de tout le continent africain. Mais le plus important reste «la transcription des paroles des auteurs africains, qui sont présents dans ce genre de rencontres, pour qu'elles ne s'envolent pas en l'air et que l'Esprit Panaf soit réduit à une simple représentation folklorique aux rythmes du Karkabou», affirme notre interlocutrice. L'éditrice expliquera que c'est pour respecter ces acquis que la ligne éditoriale des éditions Apic est de promouvoir les échanges entre éditeurs et auteurs africains afin de créer de véritable passerelles culturelles et intellectuelles au niveau de toute l'Afrique afin de briser la scission Afrique du nord et Afrique subsaharienne.A ce sujet, elle annonce qu'elle sera chargée de l'animation de la troisième rentrée littéraire du Mali pour faire connaître et diffuser la littérature algérienne. Il y a également d'autres projets qui sont en gestation avec divers éditeurs et organismes africains, elle conclura en soulignant que «l'Esprit Apic est très Afrique». S. A. Abdelhamid Temmar présente son dernier ouvrage Le ministre de la Prospective et des Statistiques, Abdelhamid Temmar, s'est rendu, vendredi dernier, au Sila, pour présenter son dernier ouvrage, la Transition de l'économie émergente : références théoriques, stratégies et politiques, édité chez l'Office des publications universitaires (OPU). Selon l'auteur, le livre, qui est destiné aux étudiants, professeurs universitaires et décideurs économiques et politiques, est le fruit d'un travail de 15 ans regroupant toutes les expériences et analyses sur des pays ayant été marqué par des périodes de transition, ainsi que les économies qui ont connu des réajustements structurels et/ou ouverture de leur marché. Durant sa présentation, M. Temmar dira qu'il a puisé dans toutes les données, statistiques de divers organismes internationaux. «On trouve dans ce livre tout ce dont on aura besoin comme analyses et visions pouvant contribuer à trouver des solutions à divers problèmes socio-économiques et financiers», a-t-il déclaré.Se limitant à la présentation stricto sensu de l'ouvrage, M. Temmar se refusera à s'exprimer en tant que ministre et à répondre aux questions concernant certains problèmes économiques du pays, prétextant qu'il est là pour présenter uniquement son livre, alors que le fax annonçant la rencontre émanait du ministère de la Prospective et des Statistiques. Notons que le prix public de vente du livre est fixé à 2 500 dinars, ce qui le met hors de portée des bourses moyennes des étudiants. M. Temmar a insisté pour que son livre soit une «référence», mais ce sera bien difficile avec un tel prix.