Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
Mourad Medelci qualifie l'intervention de Aïcha Kadhafi d'«inacceptable» La diplomatie algérienne a décidé de notifier au Conseil de sécurité la position du gouvernement
La réaction de l'Etat algérien ne s'est pas fait attendre. À peine les médias et agences de presse ont-ils répandu les propos de Aïcha Kadhafi, tenus dans une intervention téléphonique sur la chaîne de télévision Arraï, à partir d'Alger où elle a trouvé refuge avec quelques membres de sa famille dans un cadre humanitaire, que le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, a répliqué pour qualifier la déclaration de la fille de Kadhafi d'«inacceptable». En effet, il était important pour Alger de clarifier rapidement sa position après la sortie médiatique de Aïcha Kadhafi, qui a traité les membres du CNT de «traîtres», mettant ainsi dans l'embarras le gouvernement algérien, au lendemain même de son annonce de la reconnaissance des nouvelles autorités libyennes. Une grande gêne pour Alger car, il faut le dire, ses relations avec le CNT ne sont pas au beau fixe, pour ne pas dire qu'elles ont été envenimées dès le début par des accusations diffamatoires faisant état de l'envoi par l'Algérie de mercenaires pour mater la révolution libyenne. Elles ne se sont point améliorées avec la prudence observée par Alger avant sa reconnaissance du Conseil national de transition libyen. L'accueil des membres de la famille Kadhafi, dans un cadre strictement humanitaire, n'a pas été également pour arranger les choses. Enfin, les déclarations de Aïcha Kadhafi, alors qu'elle se trouve en Algérie et au lendemain même de la reconnaissance officielle du CNT par Alger, ne feront que compliquer encore plus la situation. De New York, où il se trouve pour participer à la 66e Assemblée générale de l'ONU, le chef de la diplomatie algérienne a alors choisi de battre le fer tant qu'il est chaud. Il a indiqué à l'APS : «J'ai été informé de cette déclaration faite par Mme Aïcha Kadhafi à la chaîne satellitaire Arraï, et je ne peux qu'exprimer ma surprise devant une telle déclaration qui vient d'une dame que l'Algérie a accueillie avec le reste de sa famille pour des raisons humanitaires, et qui transgresse les devoirs qui sont les siens vis-à-vis du pays qui l'a accueillie», ajoutant que des mesures seront prises pour que ce type de comportement ne se répète plus. «Je tiens à dire que cette sortie (médiatique de Aïcha Kadhafi) est inacceptable pour nous, et que des décisions seront prises pour qu'à l'avenir des comportements de ce type-là ne puissent plus avoir lieu», a fermement souligné M. Medelci. Le ministre a également fait état des démarches entreprises sans tarder par la diplomatie algérienne auprès du Conseil de sécurité pour exprimer la position du gouvernement algérien. «Une démarche auprès du Conseil de sécurité de l'ONU va être entamée dès ce jour (samedi, NDLR) pour lui notifier la position du gouvernement algérien sur cette malheureuse déclaration faite par Aïcha Kadhafi», a dit le ministre, avant d'affirmer encore une fois l'engagement de l'Etat algérien «à travailler avec les nouvelles autorités libyennes à la reconstruction de leur pays et à la consolidation de nos rapports». Il est à rappeler que le gouvernement algérien avait annoncé, jeudi dernier, par la voix de son ministre des Affaires étrangères et en marge des travaux de l'ONU, sa volonté de travailler «étroitement» avec les nouvelles autorités libyennes «afin d'asseoir une coopération bilatérale féconde au bénéfice des deux peuples frères». Mourad Medelci avait alors déclaré que les relations de l'Algérie avec le CNT libyen, jusque-là «quasi-officielles», vont passer au stade de «relations officielles», avant d'expliquer amplement que «l'Algérie a décidé de travailler avec les nouvelles autorités libyennes et de faire que la coopération entre les deux pays redevienne une coopération normale, et je dirais même une coopération particulièrement renforcée dans tous les domaines. La position de l'Algérie a été basée, d'une part, sur la cohérence avec celle de l'Union africaine et, d'autre part, sur l'engagement du CNT à consolider l'unité du peuple libyen, qui est certainement l'objectif le plus important». L'Union africaine avait également fini par reconnaître, jeudi dernier, la légitimité du CNT comme représentant unique du peuple libyen. Dans une déclaration de son président en exercice, qui a exprimé sa position, l'organisation africaine a annoncé sa reconnaissance du CNT «dans la mesure où ce dernier a pris des engagements formels pour aller vers un gouvernement inclusif représentant l'ensemble des régions, apportant ainsi les garanties nécessaires quant à la consolidation de l'unité nationale». Cette position de l'UA, a poursuivi le ministre, a été, par la suite, confirmée par son Conseil de la paix et de la sécurité qui a tenu une réunion mercredi dernier à New York. À partir de tous ces éléments et de ce processus, a expliqué M. Medelci, l'Algérie a décidé de travailler avec les nouvelles autorités libyennes. Il est à rappeler que Aïcha Kadhafi a assuré vendredi dernier que son père allait bien et combattait sur le terrain, s'en prenant elle-même aux nouveaux responsables libyens qu'elle a qualifiés de traîtres, dans une intervention téléphonique avec la chaîne de télévision Arraï, dont le siège est en Syrie. Aïcha, ses frères Mohamed et Hannibal, sa mère Safia et des enfants de la famille sont entrés en Algérie le 29 août dernier, et ont été accueillis pour des considérations strictement humanitaires. Cette information a été portée à la connaissance du Secrétaire général des Nations unies, du président du Conseil de sécurité et de M. Mahmoud Djibril, président du Conseil exécutif du Conseil national de transition libyen. H. Y.