Les déclarations tenues par Aïcha Kadhafi vendredi 23 septembre sur la chaîne Arraï a mis dans l'embarras l'Algérie. Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a déclaré hier à l'APS, à partir de New York, que les propos tenus par Aïcha Kadhafi sont «inacceptables» et que «des mesures seront prises pour que ce type de comportement ne se répète plus». La sortie inattendue de la fille du guide déchu intervient au moment où l'Algérie a décidé d'officialiser ses relations avec le CNT Libyen. La réaction du chef de la diplomatie algérienne illustre de la colère d'Alger, surtout que les autorités ont tenu de défendre une position de neutralité depuis l'éclatement du conflit libyen au mois de février. Aïcha Kadhafi a-t-elle mesuré son acte, surtout qu'elle a été accueillie pour des raisons humanitaires et non pas politiques ? S'agit-il d'une erreur non calculée ? Dans tous les cas de figure, l'Algérie a riposté vivement à cette intervention médiatique de la fille de Mouammar Kadhafi promettant de prendre des mesures à l'avenir. «J'ai été informé de cette déclaration faite par Aïcha Kadhafi à la chaîne satellitaire Arraï, et je ne peux qu'exprimer ma surprise devant une telle déclaration qui vient d'une dame que l'Algérie a accueillie avec le reste de sa famille pour des raisons humanitaires, et qui transgresse les devoirs qui sont les siens vis-à-vis du pays qui l'a accueillie», a souligné Medelci qui se trouve actuellement à New York dans le cadre de la 66e Assemblée générale de l'ONU. «Je tiens à dire que cette sortie (médiatique de Aïcha Kadhafi) est inacceptable pour nous et que des décisions seront prises pour qu'à l'avenir, des comportements de ce type-là ne puissent plus avoir lieu», a-t-il ajouté dans sa déclaration à l'APS. Le chef de la diplomatie a rappelé l'engagement de l'Algérie quant à ses relations avec le CNT. «Je voudrais affirmer une fois de plus notre engagement à travailler avec les nouvelles autorités libyennes à la reconstruction de leur pays et à la consolidation de nos rapports», a encore indiqué le chef de la diplomatie algérienne. En conséquence, des déclarations faites par Aïcha Kadhafi, Medelci a souligné qu'«une démarche auprès du Conseil de sécurité de l'ONU va être entamée dès ce jour (samedi) pour notifier au Conseil de sécurité la position du gouvernement algérien sur cette malheureuse déclaration». Selon la presse occidentale, la fille du dirigeant libyen déchu a assuré vendredi 23 septembre que son père se portait bien et combattait sur le terrain. Aïcha Kadhafi s'en est également prise aux nouvelles autorités qu'elle a qualifiées de «traîtres», dans une intervention téléphonique sur la chaîne Arraï, basée, selon des médias occidentaux, en Syrie. «Soyez tranquilles, votre grand leader va bien, il porte les armes et combat sur les fronts», a déclaré Aïcha Kadhafi sur la chaîne qui diffuse régulièrement des messages de responsables de l'ancien régime. «Vous pouvez être fiers de votre leader», a-t-elle ajouté. Et d'appeler le «peuple résistant» de Libye à se «soulever» contre les nouvelles autorités qualifiées de «traîtres». Aïcha Kadhafi a qualifié le nouveau gouvernement de «mascarade». Aïcha Kadhafi s'en est prise également aux responsables du CNT, citant notamment Mahmoud Jibril, numéro deux du conseil, Abdelhafiz Ghoga, vice-président du CNT et Abdelhakim Belhadj, commandant militaire de Tripoli. Des hommes qu'elle qualifie de «traîtres qui ont rompu leur serment d'allégeance» au régime du colonel Kadhafi. Il faut souligner que Aïcha Kadhafi a repris intégralement les déclarations du guide déchu et de son porte-parole, Ibrahim Moussa, qui n'avaient pas arrêté depuis la prise de Tripoli, le 23 août, de menacer et de promettre de reprendre le pouvoir.